Le Parlement européen (PE) a abrité, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, une conférence « spécial Algérie », initiée par la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Dirigée par le député européen, le Français Francis Wurtz, président du groupe de la Gauche unitaire, la rencontre a permis de porter un regard critique sur la question des libertés de presse et d'expression. Mais il faut le dire, le décret présidentiel portant « grâce » des peines des journalistes déjà condamnés, diffusé hier soir, a quelque peu réduit le vocabulaire de rigueur, sans autant occulter le problème de fond : l'avenir de la liberté de la presse en Algérie. Si M. Wurtz a rappelé sa visite dans le pays, son admiration et sa solidarité avec les journalistes algériens - « Hommage à votre combat et à notre solidarité », a-t-il dit -, Arezki Metref, lui, a fait sentir aux présents la réalité du quotidien du journaliste algérien. « Nous avons une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle. La bonne est la grâce pour un certain nombre de journalistes. Cela relève du droit régalien. Mais celui-ci ne règle pas le problème de fond, celui du processus liberticide qui touche toutes les libertés, dont celui de la presse », a-t-il constaté. Il a ajouté : « Nous ne disons pas que la presse algérienne est parfaite, il faut aussi balayer devant chez soi. Mais il faut dépénaliser le délit de presse. » L'Algérie devrait se conformer aux standards internationaux et respecter les conventions qu'elle a signées, portant, d'une manière générale, sur les droit de l'homme, a expliqué l'orateur. Dans les débats, un autre député, Thys Bermant, élu européen hollandais et ancien journaliste, a soulevé l'importance de la presse dans la construction et la défense de la démocratie. « Il faut condamner l'hypocrisie des Etats européens qui sont les hérauts de la démocratie et pour leurs intérêts composent avec les dictatures », a-t-il déclaré en substance. Ce qui a poussé une diplomate algérienne présente à la rencontre à réagir. « Nous sommes une jeune démocratie, nous avons nos erreurs, mais nous sommes décidés à défendre nos libertés et nos valeurs, laissez-nous faire notre apprentissage, si vous le permettez », a-t-elle dit, avant qu'elle ne signifie au député hollandais le refus de l'Algérie de subir ses leçons. Saisissant la balle, Francis Wurtz, a déclaré : « J'ai connu M. Benchicou au temps de la lutte antiterroriste, je l'ai accueilli au PE et je ne laisserai jamais une personne quelle qu'elle soit remettre en cause mon attachement à l'Algérie. » Avant d'ajouter : « Nous n'avons pas assez parler du combat des journalistes algériens, nous devons réparer cette injustice. »