Les rencontres d'échanges et de solidarité, durant lesquelles se mêleront culture, art, musique et histoire. Un rendez-vous de découverte et de partage. Des pans entiers d'histoire, ayant marqué ces deux cités savantes, gorgées de mémoires, seront revisités à travers des conférences et des débats avec des historiens et intellectuels français et algériens. Si Tours fut l'un des plus importants centres religieux de la Gaule au IXe siècle sous l'impulsion de Saint Martin, son troisième évêque, sa consœur Tlemcen devint, elle aussi, en 1248 la capitale du royaume abdelwahide, après avoir formé un royaume berbère indépendant de l'empire almohade. Deux destins presque identiques que le maire de la capitale de la Touraine, Jean Germain, a voulu réunir dans le cadre « des rencontres culturelles ». Dans un éditorial consacré à l'événement, il écrit qu'« entre autres facettes de sa politique extérieure, Tours s'est donné l'ambition de nouer un dialogue culturel avec des villes avec lesquelles elle partage des similitudes patrimoniales, historiques et culturelles ». Mais il n'y a pas que cela. En organisant pour la première fois ce genre de rencontre, le maire de Tours veut démontrer, à qui veut voir, que le « choc entre les civilisations » et « la guerre des religions », clamés ici et là, n'est que le produit des fantasmes « de certains idéologues de mauvais augure ». Et que ce type d'échange entre les cultures et les villes des deux rives de la Méditerranée est plus que jamais nécessaire pour dépasser les clivages et les malentendus, générés par l'histoire commune. Abondant dans le même sens, M. Kazi, chargé de mission auprès du maire, a indiqué, pour sa part, que le but de ces rencontres « est, d'une part, d'aborder Tlemcen sous tous ses aspects culturels et historiques, mais aussi de retracer, d'autre part, le parcours de certains hommes exceptionnels comme Sidi Boumediène et Mohamed Dib ». La mémoire poétique de Tlemcen Ville miroir, longtemps capitale du Maghreb, ouverte à la civilisation, Tlemcen a profondément participé à la construction de l'identité algérienne, sans jamais perdre son âme méditerranéenne et ses racines maghrébines. Idem aussi pour Tours dont les habitants sont réputés pour parler le meilleur français, en comparaison avec les autres régions de l'Hexagone. Située dans les départements de l'Indre et Loire (250 km de Paris), la ville de Tours est connue aussi pour être une cité de civilisation et de tourisme. Avec ses nombreux châteaux au style gothique et ses hôtels particuliers anciens, elle attire des visiteurs du monde entier. Très peu spécialisée, sinon dans les services aux entreprises, la capitale de la Touraine s'affirme mieux dans le secteur agro-alimentaire, grâce notamment à la gastronomie locale et à la qualité de ses vins. Ville paisible et bourgeoise, elle tente avec succès, depuis quelques années, de développer de nouvelles activités économiques et universitaires. Les affinités sont flagrantes avec Tlemcen. Capitale des Zianides, la deuxième ville de l'Ouest est réputée aussi pour être la cité des sciences et de la musique. D'ailleurs, les conférenciers auront toute latitude de mettre en exergue les richesses de cette ville savante et pleine de ferveur religieuse. Ainsi, Mourad Yellès, maître de conférences à l'Institut national des langues orientales (Inalco) à Paris parlera de la « mémoire poétique de Tlemcen ». A travers un parcours de la poésie populaire, le conférencier tentera de découvrir quelques-uns des aspects historiques et culturels de la vieille métropole maghrébine. Hervé Sanson, docteur en littérature française, dira, quant à lui : « Comment la ville de Tlemcen a inspiré l'œuvre littéraire de l'un de ses dignes fils, le défunt Mohamed Dib. » SIDI BOUMEDIÈNE D'autres rencontres sont également prévues. Il s'agira notamment d'évoquer le rôle de Sidi Boumediène, le saint des saints de la ville de Tlemcen, né à Séville en 1126 et devenu par la suite enseignant à Béjaïa, alors capitale des Hammadites, avant de s'éteindre près de Tlemcen en 1198. Les rencontres culturelles de Tours rendront également hommage à une grande figure du nationalisme algérien, feu Messali Hadj. Sa fille Djanina Messali Benkelfat rappellera les « influences multiples qui ont forgé la personnalité de son père ainsi que le creuset traditionnel et culturel dans lesquels il avait grandi ». Mais on ne peut pas parler de Tlemcen sans parler aussi de son dynamisme économique, de son bouillonnement culturel et scientifique riche et varié, ainsi que de ses différentes confréries religieuses et du rôle cardinal qu'elles ont joué au sein de la société...