Après la nomination officielle du général major Gaïd Salah au poste de chef d'état-major de l'ANP, nombre d'observateurs s'interrogent d'ores et déjà sur le devenir du processus de modernisation de l'armée initié par son prédécesseur, le général major Mohamed Lamari. Son départ, volontaire ou forcé, a-t-il sonné le glas des réformes entamées dans le domaine militaire ? Lors de ses différentes sorties médiatiques, le désormais ex-chef d'état-major de l'ANP s'est toujours montré comme la principale cheville ouvrière de la professionnalisation et de la modernisation de l'ANP. Pour donner un coup d'accélérateur à ce processus, le haut commandement de l'armée, sous la houlette du général Lamari, avait initié « un plan de réformes » de l'institution militaire. Pour mener à bien ce chantier, l'ancien général du corps d'armée avait annoncé officiellement « le retrait de l'armée du champ politique pour qu'elle se consacre exclusivement aux missions qui lui sont dévolues par la Constitution ». Après le rapprochement de l'Algérie avec l'Otan, le général Lamari, faut-il le rappeler, avait effectué plusieurs visites officielles à l'étranger. Ces sorties ont abouti à la signature de plusieurs accords de coopération dans le domaine militaire. Lamari avait visité, entre autres, la Russie, l'Allemagne, la Chine, le Pakistan, l'Afrique du Sud... Ces sorties ont permis à l'ANP de renouveler partiellement sa flotte et son équipement militaire. Parallèlement à cela, l'institution militaire s'est attelée à rompre son mutisme pesant grâce à la mise en place d'une stratégie de communication et d'ouverture. Grâce à cette stratégie, l'armée commence, par petites touches, à sortir de l'ombre pour se mettre sous les feux des projecteurs de la société. N'ignorant pas que cette absence de communication avait fourni aux détracteurs de l'armée des arguments pour tailler des croupières aux militaires, le commandement de l'ANP a décidé de casser ce tabou. En ce sens, on a vu le général major Mohamed Lamari s'exprimer dans les colonnes de la presse, sur les ondes de la radio et à la télévision. Le nouveau chef d'état-major, Gaïd Salah en l'occurrence, va-t-il avoir les coudées franches et surtout la conviction nécessaire pour relever le défi en menant à terme les réformes engagées dans le domaine de la défense nationale ? « L'Armée algérienne est condamnée à se moderniser », a déclaré le général démissionnaire lors de l'une de ses sorties médiatiques.