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Lamari : « J'ai quitté mes fonctions à ma demande »
Publié dans El Watan le 16 - 08 - 2004

L'ancien chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Mohamed Lamari, n'a pas été limogé, mais a « quitté ses fonctions à sa demande ». Le concerné a apporté lui-même la précision dans son dernier ordre du jour signé le 3 août dernier, soit le jour de sa démission, dans la revue El Djeïch.
Le général de corps d'armée Mohamed Lamari a expliqué sa décision de quitter ses fonctions après avoir établi le constat que la mission qui lui incombait, durant la dernière décennie, a été accomplie. « Si l'on devait dresser le bilan de la période passée, celui-ci serait globalement positif car la sécurité et l'ordre publics ont été rétablis (...) et l'ANP, après avoir été distraite pendant de longues années par la lutte antiterroriste, a réactivé le processus de sa modernisation et de sa professionnalisation. Pour toutes ces raisons, nous pouvons légitimement considérer qu'ensemble nous avons accompli la mission qui nous incombait durant la décennie écoulée (...).Pour ce qui me concerne, ma décision de quitter mes fonctions de chef d'état-major de l'ANP découle de ce constat », écrit-il dans son ordre du jour. La raison fournie par Mohamed Lamari, pour expliquer son départ, contrarie quelque peu celle de la présidence de la République qui l'avait annoncé démissionnaire pour « raison de santé ». L'ex-chef d'état-major de l'ANP ne laisse toutefois aucune marge permettant de soutenir l'idée qu'il ait voulu, en décidant de rendre son tablier, réaffirmer son désaccord à l'égard de la politique du président Bouteflika. Par delà, le prédécesseur du général major Ahmed Gaïd Salah a laissé entendre aussi qu'il ne prendrait plus de nouvelles fonctions dans l'organigramme de l'ANP dans la mesure où il a décidé de « quitter physiquement l'Armée nationale populaire ». Cela conforterait l'hypothèse qu'il a décidé de prendre sa retraite.
Les dernières consignes de Lamari
Dans son ordre du jour, le général Lamari n'a pas manqué d'adresser ses dernières consignes aux officiers, aux sous-officiers et aux djounoud de l'ANP. Une institution, dit-il, à laquelle « son cœur y restera à jamais attaché en souvenir des nombreuses années passées en son sein ». Mohamed Lamari met d'abord en avant sa conviction que « l'ANP demeurera sans aucun doute une pièce maîtresse de l'édifice institutionnel de l'Etat algérien ». A ce titre, il a demandé aux cadres de « cette grande institution » de garder pour souci la préservation du caractère républicain de l'ANP et de cultiver et de perpétuer l'esprit de discipline et de cohésion comme un héritage sacré. « C'est au prix de ces qualités et de ces valeurs que pourra être préservée l'unité de l'ANP et, par voie de conséquence, l'intégrité des capacités de défense de notre pays et sa stabilité », a-t-il précisé. Le général de corps d'armée Mohamed Lamari a appelé, en outre, les membres de l'ANP à « continuer le chemin avec la même détermination, le même engagement et le même sens du devoir pour consolider les acquis importants réalisés à ce jour et faire en sorte que cette nouvelle étape du processus de développement et de professionnalisation de l'ANP contribue à faire de notre armée un outil de défense moderne, crédible, efficace et dissuasif ». Les consignes du général de corps d'armée ne devraient pas rester lettre morte. Son successeur au poste de chef d'état-major de l'ANP, le général-major Ahmed Gaïd Salah, a précisé dans un ordre du jour publié dans le même numéro de la revue El Djeïch que ses priorités iront à « la poursuite de notre combat contre le terrorisme dont il ne subsiste plus (...) que des groupuscules (...) de plus en plus insignifiants, mais encore capables de nuisance contre nos populations isolées et sans défense ». Le nouveau chef d'état-major s'est engagé aussi à « parachever le processus, désormais irréversible, de modernisation et de professionnalisation d'une armée républicaine (...) ». En sa qualité d'ancien patron de la lutte antiterroriste, Mohamed Lamari est revenu, dans son ordre du jour, sur le combat livré par l'ANP contre les terroristes et les groupes armés. L'ancien chef d'état-major a précisé que « ce combat contre le terrorisme et la subversion a été mené avec honneur et dans le respect des lois de la République, quoi qu'en disent les hérauts et les chantres de cette mouvance criminelle, leurs alliés et tous ceux qui avaient un compte à régler avec l'ANP et l'Algérie ». Le général Lamari reconnaît que durant cette « période tumultueuse » (la dernière décennie), l'Armée a dû faire parfois preuve de sévérité dans certaines de ses décisions. Il explique néanmoins que « cette attitude était dictée tant par la gravité des défis et dangers auxquels le pays était confronté que par le souci d'instaurer la rigueur au regard de ces circonstances exceptionnelles ». Et d'ajouter que l'Armée a toujours veillé, dans la mise en œuvre de ces décisions sévères, à ne pas porter atteinte aux principes de justice et d'équité. A ceux qui le présentent comme « un éradicateur jusqu'au bout des ongles », l'ancien chef d'état-major de l'ANP a rappelé que c'est l'Armée qui a été à l'origine des lois sur la rahma et la concorde civile.


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