La section du CNES demande l'annulation des mesures de dévaluation du diplôme de doctorat es-sciences. Le mécontentement au sein du corps enseignant de l'université Mouloud Mammeri gagne en intensité. Les assemblées générales succèdent aux arrêts de cours, et ce, depuis le mois de mai écoulé. La cellule locale du syndicat du CNES (conseil national des enseignants du supérieur) a rédigé cette semaine une lettre ouverte adressée au ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour demander «l'annulation des mesures de dévaluation du diplôme de doctorat es-sciences». Le malaise qui caractérise la communauté universitaire de Tizi Ouzou est particulièrement perceptible avec la fin de l'année, période des examens de fin de semestre. Des perturbations des enseignements sont signalées dans une bonne partie des 9 facultés que compte l'université Mouloud Mammeri, et cela dure depuis l'AG des enseignants du 15 mai dernier dont le procès-verbal dresse une série de dénonciations à caractère local et national. Ainsi, lit-on dans la déclaration, les syndicalistes ont demandé au recteur de l'université de prendre «des mesures radicales pour l'éradication réelle et effective des pratiques de hogra, de harcèlements à l'égard des enseignantes et des enseignants de la part de certains responsables, chefs de départements, doyens». Une large banderole déployée sur le fronton de l'université «avertit» les responsables de l'institution d'une grève illimitée. Dans la déclaration signée par le coordinateur syndical, Samy Hassani Ould Ouali, «l'assemblée générale lance un avertissement à la tutelle, aux responsables de notre université et aux autorités locales (…) qu'il sera fait un recours à une grève illimitée, accompagnée de rétention de notes, si des signes forts, rassurant les enseignants, ne sont pas donnés». Depuis le 20 mai dernier, des grèves de trois jours sont observées chaque semaine, et le syndicat du CNES constate «un silence radio» de la part des responsables de l'université Mouloud Mammeri, des autorités locales et de la tutelle. Alors que dans les facultés, l'incertitude plane sur les étudiants, le CNES s'est réuni ce dimanche pour interpeller le ministère de tutelle pour demander de sursoir à la décision d'aligner la valeur scientifique du doctorat ès-sciences avec le doctorat LMD. La décision du ministère de tutelle suscite d'ailleurs une vague de réprobation parmi les enseignants qui signalent que la valeur scientifique des deux doctorats n'est pas la même en termes de durée de formation (3 ans pour le doctorat LMD) et (8 ans pour le doctorat ès-sciences ; 2 ans de magister et 6 ans pour soutenir la thèse de doctorat). Tout en soumettant au ministère de tutelle une série de propositions, les universitaires protestent contre «une formation universitaire au rabais». A une vingtaine de jours avant les vacances d'été, il n'est pas sûr que l'année universitaire aille à son terme normalement, en raison des perturbations en cours. Selon, M. Ould Ouali, un délai d'une semaine est donné à la tutelle pour répondre positivement aux revendications. Dans le cas contraire, a-t-il indiqué, l'AG devra décider dimanche prochain, la rétention des notes et le gel des délibérations. L'option d'une grève illimitée à partir du mois de septembre est également envisageable, a déclaré le syndicaliste.