Les responsables du groupe brésilien Andrade Gutierrez chargé de réaliser le projet du TransRhumel, plus connu sous le nom de 8e pont de Constantine, rencontrent depuis quelques mois de sérieux problèmes dans la gestion des travaux. Ils se retrouvent face à un conflit social qui resurgit mais qui s'est corsé, cette fois-ci, après la décision des 372 travailleurs algériens du projet d'entrer en grève ouverte, dimanche dernier. Une action qui a eu des répercussions sur le chantier, totalement paralysé, alors que le projet connaît déjà un retard de plus d'un an par rapport au délai fixé initialement à 32 mois à compter du lancement des travaux, à la mi-septembre 2010. Hier, les travailleurs étaient toujours déterminés à poursuivre leur action jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Mais ils persistent à dire qu'ils ont laissé les voies du dialogue ouvertes. «Nous ne faisons que réclamer nos droits depuis 2010, malgré les pressions exercées sur nous par l'employeur et en dépit des rencontres avec les responsables pour trouver un terrain d'entente, suivies de deux séances de conciliation, tenues au siège de l'inspection du travail, qui ont abouti à un échec, car le groupe qui nous emploie ne veut pas reconnaître nos droits. Ainsi, il ne nous restait qu'à recourir à la grève après avoir épuisé toutes les voies réglementaires», nous a confié Samir Soualmia, secrétaire général de la section syndicale affiliée à l'UGTA. Les grévistes réclament essentiellement l'application de l'indemnité de licenciement à compter de 2010 et non 2013 comme le veut le groupe Andrade, ainsi que la révision à la hausse des primes de nuit, de panier, de femme au foyer et de scolarité. Ils demandent l'intégration des primes de rendement collectif et individuel (PRC et PRI), et l'indemnité d'expérience professionnelle, ainsi que le contrat de travail défini sur la base de six mois au lieu de trois. De notre côté, nous avons tenté de contacter, par téléphone, le directeur d'Andrade Gutierrez dans la wilaya de Constantine, Nelson Faskas, pour avoir des précisions sur la position de son groupe vis-à-vis de cette grève et son impact sur le déroulement des travaux, mais il était injoignable. Nous lui avons même adressé un SMS expliquant notre demande, mais il n'a pas répondu à nos sollicitations. Notons que cette grève survient dans une phase décisive du projet, qui a atteint à ce jour un taux d'avancement de 55%, après le lancement, en octobre dernier, des travaux du tablier du viaduc du TransRhumel, long de 1200 m, dont l'achèvement est prévu pour le premier semestre 2014. Le groupe, qui devra réaliser également un total de 4300 m de routes entre la place de l'ONU et la cité Emir Abdelkader, a rencontré d'énormes difficultés sur le terrain, dues essentiellement à la géologie de la ville. Ce qui a nécessité la réalisation de murs de soutènement dans certaines zones, marquées par l'instabilité du terrain. Des travaux ayant doublé les coûts de réalisation. Le projet, qui était estimé au début à 15 milliards de dinars, a été réévalué et a bénéficié d'une rallonge de 14 milliards de dinars pour les modifications techniques, selon des sources de la direction des travaux publics. Certains spécialistes avancent que cette réévaluation est due à une mauvaise étude du sol et à une sous-estimation des imprévus que peut rencontrer une entreprise dans ce genre de projets. Un fait qui a échappé à ce groupe de renommée mondiale ayant pourtant une longue expérience et réalisé des projets beaucoup plus importants.