C'est un mouvement diffus, sans étiquette politique ou syndicale ni leader clairement identifiés, qui mène la contestation au Brésil. Sa force tient du fait qu'il cristallise toutes les frustrations de la population de ce pays émergent de 194 millions d'habitants : services publics précaires comme la santé et l'éducation, corruption de la classe politique, sommes colossales – 11 milliards d'euros – investies pour l'organisation du Mondial-2014 de football. Des manifestations avaient commencé timidement le 6 juin à Porto Allegre, avant de gagner rapidement Sao Paulo, Rio de Janeiro (sud-est), Goiania (centre) et Natal (nord-est) le même jour. A Sao Paulo, une manifestation qui dégénère est durement réprimée par la police faisant une centaine de blessés et entraînant plus de 230 arrestations. Convoquées sur les réseaux sociaux par des jeunes issus de la classe moyenne rejetant farouchement toute étiquette, ces manifestations, majoritairement pacifiques au départ, ont donné lieu à de nombreux affrontements avec la police et à des scènes de pillage. La classe politique brésilienne dans son ensemble apparaît totalement submergée par une lame de fond qu'elle n'a pas vu venir et qui ne cesse de grossir. La question est de savoir aujourd'hui comment le gouvernement brésilien va négocier avec un mouvement de jeunes militants facebook arborant le masque d'Anonymous, qui se défient farouchement de la classe politique et des médias traditionnels.