La mixité dans les cités universitaires de Béjaïa dérangerait-elle les autorités du pays ? La rue à Béjaïa, la communauté estudiantine principalement, le soupçonne fortement. Et elle prend indice dans les propos du wali. «La mixité dans les cités universitaires de Béjaïa nous crée des problèmes», a déclaré en substance le wali de Béjaïa, Hamou Ahmed Touhami, qui intervenait lors de la session de l'APW, la semaine dernière, au sujet des accusations de corruption et de tous les remous qui ont secoué, au début du mois en cours, certaines des huit cités universitaires implantées dans la ville. Dans la lancée des débats, des élus de l'Assemblée ont dénoncé le «laxisme» de l'administration face à la situation de dégradation et les accusations de corruption au sein de certaines cités universitaires. Le wali a rétorqué en brandissant un rapport que ses services ont adressé au Premier ministre pour rendre compte du problème. Il en a fait une lecture partielle, tout en soutenant, à l'assemblée plénière, que la mixité dont il est question est source de problèmes. L'assistance ne saura pas cependant si le Premier ministre a été ainsi destinataire d'une quelconque proposition de suppression de la mixité dans les cité U de Béjaïa. Toujours est-il que la question, qui fait une diversion franche au problème de corruption mais aussi à ceux relatifs aux mauvaises conditions d'études, d'hébergement et de restauration à l'université de Béjaïa, a provoqué une levée de boucliers prématurée. Le sujet alimente ces jours-ci les discussions à Béjaïa, notamment au sein de la communauté estudiantine qui ne manque pas de réactions sur les réseaux sociaux. Certains soutiennent que «la mixité n'a jamais été un problème à l'université de Béjaïa», pendant que d'autres s'étonnent que l'on puisse évoquer «un faux problème». Avec l'avènement de l'islamisme politique, la suppression de la mixité a été le cheval de bataille des islamistes pendant les années 1990. Après la décennie noire, l'Etat a pris la décision de fermer une à une les cités mixtes ; la dernière à avoir fait l'objet d'une décision de réservation aux seules étudiantes fut la cité mixte Ziani (ex-INIL) de Boumerdès, à la rentrée universitaire 2009/2010. Des étudiants avaient alors protesté contre une telle décision. Des mouvements de protestation ont éclaté dans certaines villes où on a réservé le même sort aux cités mixtes, comme à Beni Messous en 2004. Dans les propos du wali de Béjaïa, il est légitime de voir pointer le bout du vieux projet de l'administration qui consistait à ne laisser aucune cité universitaire mixte dans le pays au-delà de l'année 2010. A Béjaïa, d'aucuns sont convaincus que ce dernier bastion de la mixité est resté comme un os en travers de la gorge de nos décideurs.