La question de la réforme du Conseil de sécurité est débattue depuis 1993, beaucoup de pays, et pas seulement les candidats à un siège permanent en parlent comme d'un sujet d'une extrême sensibilité. Ils voient dans le 60e anniversaire, soit en 2005, une date symbolique qui devrait aider à faire avancer le dossier. L'élément déterminant vers une éventuelle décision sera le rapport, attendu le 1er décembre, du fameux panel de 16 membres, chargé par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, de faire des propositions pour tenter d'adapter l'ONU aux réalités géopolitiques du XXIe siècle. Un terme générique perçu comme une proposition de réforme et rien d'autre. Sur la base de ce rapport, M. Annan souhaite présenter des propositions à la 60e session de l'Assemblée générale, en septembre 2005. « Je ne crois pas que quiconque puisse considérer la réforme de l'ONU complète sans une réforme du Conseil de sécurité qui le mette en prise avec les réalités d'aujourd'hui », a-t-il déclaré le 7 septembre. Même si des esquisses sinon des propositions de réponse sont suggérées à défaut d'être imposées, le dossier est délicat et soulève de multiples questions. « Quel type de réforme faut-il pour légitimer l'action de l'ONU et éviter ainsi qu'elle soit décrédibilisée ? D'où viendront les nouveaux membres, combien faut-il de permanents, de non-permanents, les nouveaux permanents auront-ils le droit de veto, le veto sera-t-il limité au chapitre 7 » de la Charte des Nations unies qui prévoit l'action en cas de menace contre la paix ? Quel type de consensus faut-il ? Ou encore, les cinq permanents accepteront-ils d'autres membres permanents avec les mêmes droits, parce qu'en dernier ressort, la Charte de l'ONU est rédigée de manière telle que le dernier mot leur revient. Ce ne sont là que quelques-unes des questions soulevées actuellement. Il y en a d'autres liées aux précédentes, mais elles traitent des questions de fond. Si de nombreux pays admettent la nécessité de cette réforme, certains craignent la modification des grands équilibres actuels qui ont institué une gestion de plus en plus contestée des rapports internationaux. Une gestion au cas par cas, ou encore à la carte selon le rapport de force, le même depuis des décennies devrait-on dire sans risque de se tromper. Ce qui est suffisant pour frapper de suspicion le rôle des Nations unies, prisonnières de leurs textes, et otages des puissants de ce monde. Ceux-là justement qui parviennent à imposer leur vision de la gestion et du règlement des différends, tout cela bien entendu au nom de la légalité internationale. Tout le paradoxe est là.