Il n'y pas à dire, la récente sortie de Mouloud Hamrouche a fait du bien à tous ceux qui s'étaient senti floués par le nouveau sens de l'histoire, congelés vivants au creux des discours monomaniaques. En rappelant simplement que l'on ne construit pas de pays, et ce quelle que soit la valeur du baril de pétrole, sans libertés ni esprit critique, l'ancien chef de gouvernement a simplement expliqué ce que tout le monde développé sait depuis qu'il est développé ; sans la liberté de la société à s'organiser, pas de salut, ou alors juste militaire. Mais la sortie de Mouloud Hamrouche pose une autre question : quels sont les anciens chefs de gouvernement ou simples ministres à s'exprimer ainsi, au risque de déplaire et de perdre les avantages liés à l'ex-fonction ? S'il y a devoir de réserve, il est consternant de voir que des hommes politiques, une fois utilisés par le pouvoir, deviennent muets et aveugles, alors qu'ils ont été au cœur du système et savent donc de quoi ils peuvent parler. Les spécialistes ont une réponse : le système algérien étant une machine à phagocyter les ambitions, un stérilisateur de personnel politique fait pour ligaturer les trompes et non faire accoucher les idées, le résultat est évident : bon nombre d'hommes de valeur et d'intellectuels renommés sont devenus de simples incompétents une fois passés dans la machine à délaver. C'est pourquoi la sortie de Mouloud Hamrouche reste une véritable étrangeté, même si ses détracteurs affirment qu'il parle ainsi parce que c'est l'ancien chef de gouvernement le plus mal vu par la hiérarchie. Pourquoi ? Parce qu'il est présenté comme l'artisan de la démocratie, ce qui reste très péjoratif dans la tête des dirigeants, celle-ci étant assimilée à un virus mortel. Alors qu'en biologie, il est évident que pour le virus, le virus c'est le système. Et qu'il doit mourir comme un virus.