La France est malade de son Exécutif. Les affaires pourrissent la fin de règne de Jacques Chirac. Au scandale politico-médiatique vient se greffer un présumé compte caché de 45 millions d'euros du président français au Japon. Jacques Chirac ne s'exprime plus que pour démentir des rumeurs et soutenir son Premier ministre. Il n'a pas laissé le soin au porte-parole du gouvernement de s'adresser à la presse après le Conseil des ministres. Jacques Chirac a voulu siffler la fin de la partie. Dans le match opposant Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, c'est toute la majorité qui est en train de couler, hommes et biens. La fin de règne du président français est un long calvaire, minée par les affaires. Après l'imbroglio de l'affaire Clearstream, qui a vu le numéro 2 du gouvernement accuser les services du numéro 1 d'avoir voulu le compromettre avec un faux compte bancaire en Italie et la justice venir perquisitionner dans le bureau de la ministre de la Défense, la France donne l'image d'un pays sans capitaine à la barre. Le Président voulait, hier à la sortie du Conseil des ministres, donner un signe fort, même s'il risque de ne pas être entendu par une bonne partie de sa majorité, acquise au ministre de l'Intérieur, et par une gauche revigorée qui demande le départ de tout le gouvernement. Jacques Chirac a renouvelé sa confiance au Premier ministre, Dominique de Villepin. « Je fais toute confiance au gouvernement de Dominique de Villepin pour conduire la mission que je lui ai confiée, et j'attends de lui qu'il accélère encore son action. Au moment où l'agitation le dispute à la raison, je veux rappeler quelques principes. La République, ce n'est pas la dictature de la rumeur, la dictature de la calomnie. La République, c'est la loi. La justice est saisie. Elle doit faire tout son travail : établir les faits, tous les faits, et dire le droit. Et je souhaite qu'elle le fasse dans la sérénité et le plus rapidement possible. » La sérénité risque de ne pas être au rendez-vous tant les révélations s'accumulent presque quotidiennement, fragilisant de plus en plus le locataire de Matignon, empêtré dans des explications pas toujours convaincantes. Et ce n'est pas la révélation de l'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné qui va contribuer à la sérénité. Selon ce journal, très bien informé, un conseiller chargé du renseignement au ministère de la Défense, le général Rondot, a raconté au juge, lors de sa déposition du 28 mars, que le chef de l'Etat dispose d'un compte au Japon doté de 300 millions de francs. L'Elysée dément fermement : « Le président de la République n'a jamais possédé aucun compte à la Sowa Bank. Ces allégations sont à rattacher à une campagne de calomnies qui avait été lancée à l'encontre du président de la République en 2001 et dont il a été établi qu'elle était sans aucun fondement. » A un an des présidentielles, la campagne est déjà lancée. Elle s'annonce rude. Elle a déjà fait deux victimes : Jacques Chirac et Dominique de Villepin.