Plus 6,8 millions de Maliens vont élire, aujourd'hui, leur président parmi les 27 candidats en lice, dont une femme. Deux seulement, Ibrahim Boubakar Keita (IBK) et Soumaïla Cissé, sont les favoris de ce scrutin, que beaucoup qualifient de défi. Bamako (Mali). De notre envoyée spéciale En dépit des affiches qui couvrent les nombreux panneaux publicitaires, les rues de la capitale malienne, Bamako, ne donnent pas l'impression de vivre la fête électorale. L'ambiance de cette journée ramadanesque très chaude (40°) est très ordinaire, même si beaucoup de jeunes avec lesquels nous nous sommes entretenus espèrent que le scrutin permettra à leur pays de dépasser la crise dans laquelle il se débat depuis le coup d'Etat contre l'ancien président, Amadou Toumani Touré, à deux mois d'une élection présidentielle, en mars 2012, ainsi que l'occupation du nord du pays par des groupes terroristes et les rebelles touareg, mais aussi l'intervention militaire française, pour officiellement récupérer le territoire du Nord des mains des islamistes armés. Aujourd'hui, la plus grande crainte des autorités, ainsi que des 6180 observateurs, dont 1980 étrangers, est l'abstention et les attentats terroristes au nord du pays, qui représente les deux tiers du territoire malien, avec un peu plus de 10% du corps électoral. Pour les Maliens, les candidats qui ont le plus de chance de s'installer à Koulouba ne sont pas nombreux. Mais en tête d'affiche, IBK du RPM (Rassemblement pour le Mali), Soumaila Cissé de l'URD (Union pour la République et la démocratie), avec un peu plus de chance pour IBK, en raison de sa popularité au sein du petit peuple, auquel il a «promis sur le Saint Coran qu'il ne touchera à son argent». Frustré d'avoir été spolié de ses voix en 2007, par un ATT qui voulait à tout prix un deuxième mandat, IBK est présenté comme la victime d'un «système qui a mis le pays à genoux et failli provoquer son éclatement et sa partition». A côté, Cissé traîne encore la casserole de membre du parti au pouvoir, l'Adema, et d'ancien ministre des Finances, accusé à tort ou à raison d'avoir détourné l'argent public. Les enjeux de cette élection sont considérables et s'imposent comme un défi pour le futur président, celui qui décrochera 51% des voix. Il est question de rétablir la confiance entre les Maliens et leur Etat, d'engager un dialogue sérieux avec la communauté du Nord, la remise sur pied d'une armée en pleine déconfiture et d'une économie asphyxiée et la refondation d'une école en crise. Un programme qui relève du miracle, sachant que le Mali est parmi les pays les plus pauvres de la planète, et qu'il faudra pour le futur président trouver des ressources à même de relancer le développement, au moment où les pays donateurs font face à une crise financière assez particulière. Il est donc peu probable que cette élection puisse régler définitivement non seulement le conflit au nord du pays, mais aussi la crise politique, économique et sociale dont souffrent les Maliens. Une élection pour laquelle la France, présente militairement en force au nord du pays, dans le cadre de l'opération Serval, a mis le paquet et la pression.