La stabilité du prix du pétrole a permis aux gouvernements successifs de faire des projections en matière d'investissements et de réalisations sur la base de visions optimistes l Qu'en sera-t-il si le prix du baril de brut venait à chuter brusquement tel que les spécialistes le laissent supposer ? Les prix du baril de brut se maintiennent depuis près d'une décennie à un niveau plus ou moins élevé. Une situation qui a permis aux producteurs d'engranger d'importants revenus, à des Etats comme ceux de l'OPEP de mener des politiques budgétaires expansionnistes, en investissant dans de nombreux projets d'infrastructures, et en augmentant le volume des transferts sociaux. Cependant, la question de la viabilité budgétaire des Etats OPEP, comme c'est le cas de l'Algérie, se pose à chaque frémissement du marché pétrolier, d'autant que les exigences budgétaires ne font que croître. Ainsi, les analystes de l'Arab Petroleum Investments Corp (Apicorp), organe dépendant de l'OPEP, se proposent dans son rapport périodique de dresser un topo des prix du pétrole en dessous desquels la viabilité budgétaire à court terme serait compromise. Des prix qui varient selon les pays entre 58 pour le Qatar et 144 dollars pour l'Iran. Pour le cas particulier de l'Algérie, le prix du baril qui lui permettrait de financer le budget de l'exercice 2013 ne saurait aller en dessous de 123 à 124 dollars contre environ 115 dollars en 2012. Une estimation qui reste proche de celle du Fonds monétaire international qui a fixé la rentabilité du baril de pétrole pour l'Algérie à 121 dollars. L'Algérie est d'ailleurs considérée comme le second pays le plus dépensier de l'OPEP après l'Iran, un constat qui n'est pas pour rassurer dans la mesure où le prix moyen du pétrole algérien, le Sahara Blend, au cours du premier semestre 2013 est descendu en dessous de la barre des 108 dollars. Le déficit budgétaire risque encore de se creuser et le recours au bas de laine du Fonds de régulation des recettes est encore une fois inéluctable. Aussi Apicorp précise que ses conclusions risquent d'être en dessous des besoins réels de financements des budgets des Etats OPEP, d'autant qu'elles ne prennent pas en compte les révisions budgétaires, ainsi que les budgets supplémentaires et complémentaires. L'organe estime que ces conclusions dépendent aussi du degré de transparence des opérations extra-budgétaires. Plus globalement, Apicorp considère que les pays de l'OPEP auront besoin de plus de ressources qu'en 2012 pour financer les dépenses prévues par les budgets 2013. Il estime ainsi que le budget combiné du pool pétrolier est appelé à croître de 7% durant l'exercice en cours. Les dépenses budgétaires seront, elles, maintenues à environ un tiers du PIB tandis que les recettes de fiscalité pétrolière contribueront en moyenne à de 76% au financement du budget de l'Etat. Cependant les analystes de l'Apicorp mettent en avant un certain nombre de facteurs qui permettent une différentiation entre les pays. Les volumes de pétrole produits et exportés, et les recettes issues de leur imposition sont, certes, la base des calculs, néanmoins d'autres facteurs entrent en ligne de compte comme les coûts de production, le produit de la fiscalité ordinaire ainsi que des revenus de placement provenant des excédents courants gérés par un fonds souverain, les opérations budgétaires et extrabudgétaires, et enfin les flux d'un fonds de stabilisation financière (en Algérie, c'est le FRR). Apicorp a aussi introduit dans certains cas particuliers, les variations du taux de change de la monnaie locale (le cas de l'Iran), ainsi qu'un facteur d'ajustement des prix du pétrole et du gaz exportés. Des différences qui induisent des disparités dans les besoins de financement des pays OPEP. D'où les divergences qui empêchent, selon Apicorp, les pays OPEP d'adopter une position commune.