La quasi-totalité des maternités de la wilaya de Boumerdès fonctionnent sans gynécologues-obstétriciens. Les parturientes de la wilaya de Boumerdès éprouvent toutes les peines du monde à trouver une maternité où elles peuvent être prises en charge. Ce problème qui traduit la défaillance du système de santé dans la région s'aggrave de jour en jour sans qu'aucune autorité ne daigne trouver les solutions idoines à même de permettre aux patientes d'accoucher dans de bonnes conditions. En effet, la plupart des services de génécologie-obstétrique de la wilaya fonctionnent au ralenti. C'est le cas de celui de l'hôpital de Bordj-Menaiel où l'on se plaint de l'absence de médecins gynécologues depuis septembre 2012. Idem à l'EPH de Dellys où la garde est assurée au niveau de la maternité une fois seulement par semaine par un gynécologue. Les femmes dont la grossesse est arrivée à terme se voient contraintes de se déplacer jusqu'aux wilayas d'Alger ou Tizi-Ouzou pour accoucher. Car même la maternité de l'hôpital de Thénia n'est pas dotée de moyens humains et matériels nécessaires pour leur prise en charge. Ce service qui connait une affluence record à longueur d'année assure la garde avec un médecin gynécologue 4 jours sur 10 uniquement. Les salles d'observation ne sont pas dotées de climatiseurs. La plupart des citoyens qui y évacuent leurs femmes sont renvoyés ou priés d'aller soit à la clinique d'Hussein Dey (ex-Parnet) soit à celle d'Aîn Taya, et ce, à cause de l'absence de gynécologues ou d'insuffisance de lits. Sur place, on a appris que les parturientes dorment parfois à même le sol. «On n'a que 18 lits, mais parfois on y admet jusqu'à une quarantaine de femmes. Ce qui fait que certaines passent la nuit sur des matelas qu'on dépose à même le sol», nous confie une infirmière. Les parturientes qui accouchent par césarienne attendent jusqu'à la libération d'une place pour l'évacuer du bloc opératoire, a-t-elle ajouté. Blocs opératoires fermés Lors de notre passage, pas moins d'une dizaine de femmes enceintes attendaient, sous une chaleur frôlant 35°, d'être consultées par le médecin gynécologue. «Tout dépend de lui. Même l'écographie ne peut être faite en son absence, comme ce fut le cas durant les journées de mardi et mercredi ou la majorité des patientes étaient renvoyées à Alger», a-t-on encore indiqué. Un agent de sécurité affirme que même l'évacuation se fait aux frais des malades car la direction de l'hôpital ne mobilise qu'un seul chauffeur pour la garde de nuit. Qu'en-est-il du nouveau service de gynéco-obstétrique se trouvant au niveau du bloc inauguré il y a vingt jours par le ministre de la santé ? «Il est toujours fermé», répond un médecin généraliste. Pourtant, le ministre a instruit les responsables de l'hôpital de l'ouvrir dans les meilleurs délais. «Pour le moment, il n'y a que le service de pédiatrie qui est mis en service. Même le scanner qu'on a acquis avec des milliards n'est pas encore installé», déplore le médecin. S'agissant du problème de manque de gynécologues, notre interlocuteur rappelle que «les autorités ont le droit de réquisitionner ceux qui travaillent dans les cabinets privés en cas de besoin». «Il y a tout juste 50 gynécologues qui ont des cabinets privés dans notre wilaya. Je crois qu'il est important de les réunir afin de les sensibiliser à assurer des gardes à tour de rôle au niveau des hôpitaux de la région», explique-t-il avant de dénoncer l'indifférence dont font preuve les responsable du secteur de la santé quant aux souffrances endurées dans ce domaine par population de la wilaya. Une population qui attend encore avec impatience le lancement du nouvel hôpital de 240 lits, prévu depuis 2006 à la sortie est de la ville de Boumerdès. La date de l'entame des travaux de cet important projet, dont le coût initial a triplé, a été reportée à maintes reprises sans qu'aucune raison valable ne soit avancée.