Combats au sabre, magasins brûlés, pillages. Des affrontements très violents entre deux tribus à Bordj Badji Mokhtar durent depuis mardi soir. Combats au sabre, magasins brûlés, pillages. Des affrontements très violents entre deux tribus à Bordj Badji Mokhtar durent depuis mardi soir. La ville frontalière de Bordj Badji Mokhtar (2200 km au sud d'Alger) avec le Mali est le théâtre, depuis mardi ,de violents affrontements qui ont fait au moins 6 morts et 50 blessés, dont 4 dans un état grave, selon les forces de sécurité algériennes. Des habitants de Bordj et certains de leurs proches vivant à la frontière du côté malien parlent d'au moins 22 victimes. Les membres de la tribu targuie Idnan et ceux de la tribu «arabe» des Barabiche se sont affrontés en utilisant notamment des sabres. Les violences auraient éclaté après la découverte du corps sans vie d'un jeune Targui, qui portait des traces de coups. Des jeunes appartenant à la tribu Idnan ont commencé par couper une route avant que la situation ne se détériore. Les affrontements ont duré plus de 8 heures. L'incident aurait surtout pour cause un litige d'ordre commercial, mais certaines sources pointent du doigt un autre mobile : leurs divergences concernant les événements du Nord-Mali, où chacune des deux entités a des prolongations humaines et commerciales. Selon un membre de l'APW d'Adrar, natif de Bordj Badji Mokhtar, Bachou Elbekay, les habitants «arabes» étaient opposés à l'ouverture d'un magasin dans leur quartier par le jeune Targui retrouvé mort mardi. L'importance du bilan est la conséquence de l'absence, dans cette ville, de structures de soins adéquates. Certains blessés graves ont été transférés à Reggane. évacuation Selon des notables de la tribu Idnan, les derniers évènements soulignent encore une fois l'insécurité dont souffre cette région et réclament l'intervention du ministre de l'Intérieur en personne. Abdelghani Hamani, un des notables targuis contactés, affirme que ces événements interviennent après le retard dans l'application de la loi dans des cas d'agression dans cette ville, ajoutant que «la gendarmerie n'est intervenue que 12 heures après le début des affrontements». Dans l'après-midi d'hier, le MNLA a dénoncé les violences, dont l'Algérie serait responsable, selon lui. «Ce sont des populations de réfugiés qui s'affrontent et les autorités algériennes laissent faire volontairement, elles auraient mêmes soutenu la communauté arabe», affirme Mohamed Ousmane, qui accuse Alger de vouloir saboter les accords de Ouagadougou. Mais le secrétaire général de la wilaya d'Adrar dément : «Il ne s'agit pas d'un problème politique en lien avec le MNLA, c'est un conflit qu'il y a eu entre Algériens seulement.» Pourtant plusieurs personnes de la région affirment que le comportement des forces de sécurité algériennes est aussi en cause : «Quand les Touareg sont allés demander de l'aide à la gendarmerie avant-hier, les Algériens ont répondu d'aller demander à la France et au Burkina Faso.» Panique Hier matin, la situation semblait se calmer après l'intervention des forces de la Gendarmerie nationale envoyées en renfort dans la nuit depuis Blida. Le wali d'Adrar, qui est sur place, a promis de punir les auteurs des assassinats. De leur côté, les forces de l'ANP et de la gendarmerie continuaient à contrôler plusieurs quartiers de la ville. La frontière aurait été bouclée pour arrêter les responsables des différents meurtres. Mais hier après-midi, les violences ont repris de plus belle. Ceux qui n'ont pas de sabres, utilisent de grosses pierres. Comme la veille, des magasins ont été pillés et saccagés. Paniquées, certaines familles se sont réfugiées chez des voisins, ce qui a laissé le temps aux pilleurs d'entrer dans les habitations, de voler des bijoux et des biens matériels. Les fenêtres et les portes des habitations ont été défoncées, des débris de verre jonchaient le sol. Un habitant sur place dénonce que des appels au meurtre sont propagés. Une source militaire affirme que l'heure n'est désormais plus à la négociation et que l'armée va «durcir le ton». Dans la région, on ne s'étonne pas des débordements. «Je suis certain que le conflit déclenché à Bordj n'est que le sentiment d'injustice des populations, souvent réprimées par les autorités locales. Les réfugiés installés encore dans certaines maisons à Bordj, les intempéries dévastatrices et le regain de violence engendré par de nouvelles mesures de surveillance ont créé un climat de suspicion. Les gens sont devenus agressifs, sans emploi, sans salaire fixe, les débordements sont faciles, et on n'en est pas au premier cette année. Les notables ont toujours fait en sorte de calmer les tensions entre Arabes et Touareg, entre Touareg noirs et Touareg blancs. Mais, l'injustice sociale et surtout les trahisons tribales font que tôt ou tard on doit choisir son camp. Quitte à déclarer la guerre à son frère dans le pays du voisin», explique un Algéro-Malien qui est membre de l'armée algérienne. Pour lui, la réaction du MNLA est également logique : «C'est normal que le MNLA réagisse, leurs familles sont à Bordj Badji Mokhtar ! »