Pour ceux qui ne connaissent pas la place Sidi Soufi de Béjaïa, c'est l'occasion de faire un saut ce vendredi au détour d'un hommage chaâbi que la commune veut rendre à Didine Karoum. L'ambiance khaloui est assurée. Avant de parler hommage, il serait intéressant de s'arrêter un instant sur ce quartier de Sidi Soufi qui représente un peu la Casbah de cette ville de Béjaïa où les amateurs de musique chaâbi se donnent rendez-vous à chaque fois que l'occasion se présente. Dans ce quartier, on retrouve une placette où tout se fait et se défait dans le domaine musical, sachant qu'il existe une placette devenue, depuis assez longtemps, un lieu incontournable pour les commentaires sportifs, mais aussi pour fredonner les intarissables qacidate du chaâbi, car les lieux s'y prêtent fortement. L'inévitable café maure, pour décorer les lieux, y est présent, un peu comme le café Bahdja (Malakoff) à La Casbah d'Alger. Le chaâbi est donc présent car tout l'environnement est fait pour rappeler que la ville de Béjaïa est aussi un berceau de ce genre populaire, même si c'est la photo de Sadek Lebdjaoui, un chantre de la musique andalouse qui domine la placette Sidi Soufi. Qu'à cela tienne, il se trouve toujours quelqu'un pour rappeler qu'un enfant de Béjaïa, Sid Ahmed Naguib, était l'accompagnateur au banjo de Hadj M'hamed El Anka. Ceci expliquant cela, il devient naturel que le chaâbi y fasse une halte chaque été pour rappeler aux estivants et aux gens de passage que la ville de Béjaïa est un carrefour des musiques qui a vu naître les Sadek Lebdjaoui dans l'andalou, les Djamel Allem dans le moderne, Abdelkader Bouhi au folklore kabyle…, c'est dire que la ville ne devrait pas s'ennuyer. Pour cet été, la commune de Béjaïa et les responsables de la culture de la ville ont pris l'initiative de rendre hommage à Didine Karoum, un hommage qui aura lieu dans la soirée de vendredi 30 août sur la placette de Sidi Soufi. Pourquoi Didine Karoum ? La réponse est simple. Ses origines d'abord par le fait que son papa est né à Béjaïa, donc un oulid leblad en puissance qu'il faut honorer pour perpétuer la tradition de la ville en matière musicale. Ensuite, et c'est le plus important, Didine Karoum fait partie de cette génération qui a su prendre à bras-le-corps la chanson chaâbi lorsqu'elle était au creux de la vague, voire marginalisée par des responsables dont la culture n'était qu'un gagne-pain, alors que c'est une valeur humaine. Didine Karoum, et beaucoup d'autres chanteurs de ce genre, ont le mérite d'avoir résisté à une mise à l'écart d'un patrimoine culturel propre aux Algériens. Ce vendredi à Béjaïa, la placette Sidi Soufi fera certainement le plein pour présenter une soirée qui regroupera en première partie deux chanteurs qui montent en puissance, Kamel Aziz et Mourad Zidiri. En deuxième partie, Didine Karoum montera sur scène où la chanson El Bez, qu'il interprète merveilleusement, y est attendue par les amoureux du chaâbi toujours nombreux dans ce quartier mythique de Béjaïa. Comme l'endroit est réputé pour son thé, Kahwa Ou Latey, sera inévitablement au menu d'une soirée que Didine Karoum a bien l'intention d'honorer avec faste pour remercier tous ceux qui ont pris l'initiative de lui rendre hommage.