Une délégation composée de moudjahidine, d'intellectuels, de syndicalistes, d'avocats, de représentants de la société civile et d'universitaires a annoncé, hier, au forum d'El Moudjahid, la naissance d'une instance nationale pour « la libération des relations entre l'Algérie et la France de la culture coloniale ». Le but de cette structure, a souligné sa porte-parole, l'avocate maître Fatima Ben Braham, est de rétablir l'histoire de l'Algérie dans sa réalité, concourir à la reconnaissance des crimes coloniaux, inscrire le colonialisme comme crime contre l'humanité et la présentation d'excuses publiques pour les peuples victimes de colonialisme. Maître Ben Braham a précisé, en outre, que cette instance n'a pas de statut juridique et est ouverte à tous ceux qui veulent y adhérer. L'oratrice a encore ajouté que l'idée de la création de cette instance est née au moment de l'annonce, en France, de l'adoption de la loi du 23 février 2005. Une loi qu'elle a qualifiée après l'avoir décortiquée de « porte-à-faux » des lois internationales et de « crime contemporain » de la France à l'endroit de l'Algérie après ceux commis pendant la colonisation. « C'est la folie juridique française », a-t-elle encore estimé. La France, à travers cette loi, poursuit-elle, donne un ordre avec insistance à ses enfants pour respecter son rôle positif de la présence de la France en Algérie avant d'ajouter qu'il s'agit là d'« une amnésie judiciaire ». La France, s'est-elle indigné, « a oublié ses rancœurs historiques avec l'Allemagne, mais point ses rancœurs historiques avec l'Algérie ». De ce fait, elle exprimera l'impossibilité pour les Algériens de signer un traité d'amitié sans libérer l'histoire et les relations bilatérales entre les deux pays de la culture coloniale. Cela en rappelant les crimes commis par l'armée coloniale durant sa présence en Algérie. « Rendez-nous d'abord notre mémoire et demandez pardon aux Algériens avant d'aller vers l'amitié », s'est-elle adressée à la France. Maître Ben Braham a évoqué, par ailleurs, le problème de la détention des archives algériennes par la France, affirmant « le droit des Algériens de connaître cette mémoire conformément aux lois internationales qui stipulent la restitution des archives à leurs propriétaires ». Elle a estimé, en outre, que « la question de l'indemnisation dont parlent les pieds-noirs doit être posée à l'Etat français qui les a fait venir sur le sol algérien ». Dans deux messages écrits aux deux présidents, algérien et français, cette instance a exprimé « la détermination du peuple algérien à user de son droit légitime pour défendre sa mémoire ». Aux deux présidents algérien et français, a-t-elle affirmé, « nous avons affirmé le droit du peuple algérien à arracher l'aveu officiel de l'Etat français de ses responsabilités politique, juridique et morale entières et le devoir d'indemniser la nation algérienne pour les crimes odieux commis » lors de la période coloniale. Cela étant, pour rétablir cette « réalité historique » de l'Algérie, cette instance aura à se baser sur le travail de ses cellules qu'elle créera incessamment. Il s'agit, entre autres, des cellules qui s'occuperont de la recherche iconographique, des auditions et des enregistrements des plaintes, de recouvrement des archives, de réflexion et d'analyse et de stratégie. Selon les membres de la cette structure, le premier appel sur la libération des relations entre l'Algérie et la France de la culture coloniale a déjà recueilli 1700 avocats. « Nous allons défendre notre peuple devant les instances internationales », promet maître Ben Braham.