Ceux qui ont cru que la crise au sein des territoires palestiniens avait pris fin, avec la réconciliation entre le président Arafat et son Premier ministre Ahmad Qoreï, se sont rendu compte, lundi, que dans cette partie du monde, les choses ne sont jamais aussi simples. Des membres des Brigades Ezeddine El Qassam, la branche armée du Hamas, ont en effet choisi ce jour pour exécuter trois collaborateurs, détenus dans la prison centrale de Ghaza, la mieux gardée par la police palestinienne. Les trois collaborateurs avec les services sécuritaires israéliens ont, dans un premier temps, été blessés par des éclats de grenades à l'intérieur de la prison, puis achevés sur leur lit, à l'hôpital El Shifa où ils furent évacués. Tout s'est passé sous le nez des agents de sécurité palestiniens. Cette opération a suscité une grande satisfaction dans la rue palestinienne. Mais beaucoup auraient préféré que l'exécution de tels énergumènes, qui ont fait beaucoup de mal à leurs compatriotes et à leur pays fût dans un cadre légal, par le biais des services compétents de l'Autorité palestinienne. Il y a un consensus national quant à la nécessité d'éliminer tous les collaborateurs, mais la loi doit être appliquée par une seule partie qui doit garantir à l'accusé toutes les chances de se défendre, devant des tribunaux intègres. Les collaborateurs visés étaient des condamnés à mort par les tribunaux palestiniens qui attendaient leur exécution depuis plusieurs années. Les pressions internationales surtout celles des pays donateurs ont été pour beaucoup dans le freinage de ce processus. Mais l'Autorité nationale palestinienne, qui détient le pouvoir dans les parties des territoires palestiniens qui ne subissent pas l'occupation israélienne directe, doit être en mesure de faire appliquer la loi car il y va de sa crédibilité. Les événements de lundi à Ghaza ont porté un grand coup à ses efforts visant à maintenir l'ordre. Le gouvernement israélien a choisi ce moment pour manifester sa détermination à renforcer la colonisation en Cisjordanie occupée. Il a approuvé la construction de 600 logements supplémentaires pour la colonie urbaine de Maalé Adoumim et le changement du tracé du mur de séparation en Cisjordanie qui s'enfoncera encore plus en territoire palestinien. Cette colonie, proche de Jérusalem, la plus importante de Cisjordanie, comptait fin juin 28 120 habitants, et sa population devrait ainsi augmenter de 2000 personnes au moins. Cette décision est contraire à la feuille de route, plan de paix du Quartette (USA, UE, Russie, Onu) prévoyant un gel de la colonisation israélienne et la création d'un Etat palestinien d'ici à 2005. Dans une réaction timide du porte-parole adjoint du département d'Etat américain Adam Ereli, les Etats-Unis ont exprimé leur désapprobation avec la décision israélienne. Il a rappelé que « la "feuille de route" appelle à la fin de toutes les activités de colonisation, y compris l'accroissement (démographique) naturel ». Etant donné qu'aucune mesure punitive n'a été décidée contre lui, Israël n'a donné aucune suite aux exigences de la communauté internationale quant à la nécessité de démanteler le mur de séparation édifié en Cisjordanie. La Cour internationale de justice (CIJ) a réclamé le 9 juillet le démantèlement du « mur » et l'Assemblée générale de l'Onu a voté le 20 juillet à une majorité écrasante une résolution exigeant qu'Israël respecte cet avis. Mais Israël a annoncé que le mur de séparation, qualifié de « mur de l'apartheid » par les Palestiniens, serait achevé en 2005 comme prévu.