Le chef de l'Autorité palestinienne a réussi à convaincre son Premier ministre de rester à son poste, mais la question de la sécurité à Gaza reste extrêmement préoccupante. Le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, tente de calmer le jeu au sein de son pouvoir. Il a rencontré pendant quatre heures, hier matin, à Ramallah son Premier ministre Ahmad Qoreï pour tenter de résoudre la crise provoquée par la démission présentée la veille par celui-ci et qu'il a refusée. Qoreï n'a fait aucun commentaire à l'issue de ces entretiens mais, le fait que Arafat a convoqué, pour la fin de la journée, une réunion du Comité exécutif de l'OLP, qu'il préside en personne et à laquelle doit prendre part son Premier ministre, cela laisse supposer que d'importantes initiatives devaient être annoncées. Les négociations entre Arafat et son Premier ministre ont porté, selon le ministre chargé des Négociations, Saëb Erakat, sur deux points : la démission d'Abou Alaâ (Qoreï) et la crise sécuritaire. La bande de Gaza a été le théâtre vendredi d'une vague d'enlèvements sans précédent menée par des groupes armés se réclamant du Fatah, le mouvement de Arafat, sur fond de protestation contre la corruption au sein de l'Autorité palestinienne. Ces événements ont conduit le Premier ministre palestinien à présenter sa démission samedi à Arafat qui l'a refusée, et ce dernier a dû procéder le même jour, sous la pression, à une refonte des services de sécurité réclamée de longue date par la communauté internationale. Cependant, la tension est loin de baisser. Des activistes palestiniens armés ont incendié dimanche les locaux des services de renseignement palestiniens à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, et libéré les détenus qui y étaient incarcérés, s'emparant des armes qui s'y trouvaient stockées. Les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, groupe armé lié au Fatah, ont revendiqué cette attaque, affirmant qu'elle avait exécutée en riposte à la nomination du général Moussa Arafat, neveu du chef palestinien, à la tête du service de sécurité générale, qui incarne à leurs yeux le symbole de la corruption au sein de l'Autorité palestinienne. Cette anarchie déchire, sans conteste, le tissu social palestinien, déjà mis à mal par Sharon. Le peuple palestinien est, en effet, témoin d'une désintégration de l'ordre et de la loi, devait déclarer des proches de Qoreï, qui exigent, même si c'est du bout des lèvres, la refonte totale des services de sécurité et la mise en œuvre de réformes. D. B.