L'Autorité palestinienne est sauve. Arafat et Qoreï se sont mis d'accord pour continuer à travailler ensemble. Le Premier ministre palestinien, Ahmad Qoreï, s'apprêtait, hier, à reprendre sa démission, déposée le 17 juillet dernier. Soumis à de fortes pressions de la communauté internationale, Arafat aurait accepté de céder certains de ses pouvoirs sur les services de sécurité à Qoreï qui devrait contrôler le ministère de l'Intérieur notamment. Arafat et Qoreï ont conclu ce nouveau marché lors d'une réunion du cabinet à Ramallah, dix jours après que le Premier ministre eut présenté sa démission à la suite d'une vague sans précédent de désordres et d'enlèvements à Gaza, qui ont illustré l'amertume et le chaos sévissant dans les territoires palestiniens. Arafat, pour amoindrir les exigences de son Premier ministre a fait donner les apparatchiks du Fatah. Au plus fort de la crise qui a éclaté à Gaza, à la suite de la nomination par Arafat de son propre cousin en qualité de patron des services de sécurité, les proches de Arafat ont essayé de mettre la pression sur Qoreï en demandant au président de l'Autorité d'accepter sa démission. Satisfait de l'issue du bras de fer, le ministre des Affaires étrangères, Nabil Chaâth, a déclaré que les Palestiniens vont pouvoir maintenant consacrer tous leurs efforts sur le problème principal qui est l'occupation israélienne. Théoriquement, Qoreï aurait obtenu satisfaction sur toute la ligne et, cerise sur le gâteau, Arafat serait même disposé à donner des instructions au procureur général pour ouvrir les dossiers de corruption. À Gaza, les Brigades des martyrs, proches du Fatah, dominé par Arafat, et qui partagent la tactique des attentats suicide avec Hamas, avaient créé une situation insurrectionnelle pour exiger la refonte des services de sécurité et l'application de réformes politiques, accusant également l'Autorité palestinienne de corruption. Qoreï, en présentant, il y a dix jours, sa démission réclamait davantage de pouvoirs sur les services de sécurité. La plupart des chefs de ces services ainsi que des commandants militaires sont issus du Fatah, le principal mouvement palestinien fondé par Arafat à qui ils ont une allégeance totale, ce qui leur permet de se considérer plus puissants que n'importe quel ministre. En outre, Arafat a tenu à nommer au ministère de l'Intérieur des personnalités loyales qui ne lui font pas d'ombre. Le Conseil législatif palestinien (Parlement) insiste pour sa part pour définir les fonctions de chaque service de sécurité et encadrer son activité par un texte législatif. Dans une première phase, ils ont été réduits de 8 à 3 et, il s'agit de les ramener aux tâches pour lesquelles ils sont dévolus. Ces services, selon les manifestants de Gaza, ont commencé à outrepasser leurs fonctions, en devenant de véritables institutions, dotées de service de presse et se livrant à une activité économique et sociale. Des responsables palestiniens s'accordaient à dire que la sécurité générale, qui chapeaute les forces de défense des territoires palestiniens et le renseignement, doivent rester sous le contrôle du président de l'Autorité palestinienne, en tant que chef suprême des forces armées. Plusieurs responsables étrangers, dont le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, et le haut représentant pour la politique étrangère de l'Union européenne, Javier Solana, ont pressé Arafat de déléguer ses pouvoirs. D. B.