Sitôt 18 h passées, aucun des opérateurs de transport urbain et suburbain, de l'Etuto ou privés, ne respectent le cahier des charges, si pour autant il en existe un. Au lendemain de l'année 2000, la ville de Tizi Ouzou commençait à s'étouffer sous la dense circulation automobile, un phénomène suscité par l'absence de l'autorité de l'Etat. En juin 2011, les pouvoirs publics ont décidé de délocaliser la gare routière de la ville vers une autre, dite multimodale, réalisée en réalité pour le rail au lieudit Bouhinoun, à 4 km environ au sud de Tizi Ouzou, avec l'espoir de diminuer un tant soit peu les bouchons dont souffre le chef-lieu de wilaya. Des dizaines de bus d'opérateurs privés avec ceux de l'entreprise de transport urbain (ETUTO) ont été affectés pour assurer des rotations depuis la nouvelle gare à destination de la ville et sa périphérie (Oued Aïssi, Timizart Loghbar, etc.). Peine perdue, puisque les longs embouteillages se formant aux heures de pointes au centre urbain de la capitale du Djurdjura n'ont pas vraiment connu d'atténuation sérieuse. Un vendredi de la mi-juin dernier, les autorités locales décident, dans la précipitation, de transférer encore, depuis l'ancienne gare routière, les trolleybus des opérateurs privés et de l'Etuto, ainsi que les centaines de transporteurs par minibus de Draâ Ben Khedda, de Tigzirt, Iflissen, Makouda, Boudjima, Tirmitine, Tadmaït… vers une station aménagée à Tala Allam, tout près du village Boukhalfa (3 km environ à l'ouest du chef-lieu de wilaya). L'imbroglio y est total, puisque sur les lieux aucune commodité (ni abribus, ni toilettes publiques, ni gargote, ni café, ni même de service de sécurité à la tombée de la nuit). En outre, de par l'exiguïté du site, le croisement de poids lourds avec des minibus et des fourgons de transport devient très ardu, surtout au moment où des marées humaines descendent des bus arrivant de régions diverses, pour repartir encore vers de multiples destinations respectives. L'accès à cette station, très pentue et fréquentée par des transporteurs de marchandises diverses (semi-remorques), se fait à partir de la RN 12. Pour ce faire, des policiers s'époumonent et s'épuisent du sifflet pour ralentir et arrêter la circulation sur les deux sens de cette voie autoroutière, et ce, malgré le placement momentané de ralentisseurs. Ces derniers seront en effet démantelés, inopportunément, à la veille de la venue, à la mi-juillet dernier, du Premier ministre à Tizi Ouzou. Ces ralentisseurs, signalés encore certes par des panneaux, mais ne seront pas réinstallés, malgré leur impérieuse nécessité. Les journées de grève des transporteurs, protestant contre cette «délocalisation inopportune» et la grogne des citoyens, outrageusement pénalisés par ces décisions, n'ont aucunement influé sur les autorités de wilaya. Et dire que la direction des transports avait promis le «règlement définitif» de ce problème par l'ouverture, après les fêtes du 5 juillet (dernier), d'une autre station appropriée. Promesse infructueuse. Le comble pour le voyageur, sitôt 18 heures passées, aucun des opérateurs de transport urbain et suburbain, de l'Etuto ou privés, ne respectent le cahier des charges, si pour autant il en existe un. En effet après cet horaire, aucun de ces bus n'assure de rotation, sachant que, rentabilité oblige, la diminution, dès lors, du nombre de clients, est sensiblement ressentie. Ainsi, les travailleurs exerçant au chef-lieu de wilaya, ou les voyageurs arrivant au soir à la nouvelle gare de Bouhinoun et devant rentrer chez eux, à partir de cet horaire, à Tadmaït, à Tirmitine, à Draâ Ben Khedda, à Tigzirt ou autres destinations, n'ont aucun choix pour rejoindre la station de Tala Allam que d'aller… à pieds ou louer un taxi à 300,00, voire 400,00 DA la course. Car, même les transporteurs collectifs (petits fourgons) assurant des dessertes entre le centre-ville et la Nouvelle ville dont l'aire de stationnement est toujours maintenue en son lieu, tout près de l'ancienne gare routière, ne sont pas autorisés à prendre leurs clients jusqu'à Tala Allam. Ainsi, après une trotte de plusieurs km jusqu'à cette station, le voyageur y arrivant au-delà de 19h30 trouve celle-ci quasiment déserte. Il faut avouer qu'hormis les fourgons de transport vers Iflissen, Tigzirt, Makouda…, les autres, ceux de Draâ Ben Khedda, Tirmitine et Tadmaït notamment, ces localités considérées pourtant comme faisant partie de la banlieue de Tizi Ouzou, fuient la lugubre station où rien n'incite à y rester. Même les taxieurs fraudeurs, guettant des occasions aux alentours de l'ancienne gare routière, où le recours à eux s'avère souvent «salutaire» pour des voyageurs retardataires, ne s'aventurent pas à Tala Allam. Passons sur le désarroi du voyageur, sa désorientation, le prix payé, les pénibilités, la perte de temps dans cet embrouillamini, engendré par l'incompétence assurément.