La suspension, lundi dernier, du Dr Khaled Bessila, premier responsable du CNES à Constantine, a, semble-t-il, boosté les liens de solidarité entre les enseignants de l‘université Mentouri. Sans hésiter, la majorité des adhérents du syndicat ont réagi d'abord en organisant une marche à l'intérieur du campus central, criant des slogans appelant au départ du recteur de l'université et du secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur. Réunis ensuite dans une assemblée générale ouverte, ils sont passés à une vitesse supérieure en décidant de l'arrêt du travail jusqu'à réintégration de leur collègue. Cette décision aura des répercussions directes sur les examens prévus à partir d'aujourd'hui, d'autant que le nombre d'enseignants qui ont souscrit au mouvement dépasse largement les 500. Cette action est jugée prioritaire par les animateurs, mais ensuite il faudra étudier l'évolution du mouvement de revendication et le conflit avec la tutelle et surtout les dissensions qui donnent l'impression d'avoir ébranlé le syndicat. Un rassemblement est prévu d'ailleurs dès la première heure, aujourd'hui, devant le siège du CNES à l'université. Les adhérents devront se concerter pour établir une stratégie, éviter l'effritement de leur organisation et formuler leur réponse au responsable national qui tombe en disgrâce. « La section de Constantine avait, en effet, soutenu le retrait de confiance à Boukaroura au mois de mars lors de la rencontre de Tizi Ouzou, explique Bessila, et c'est lui qui se trouve dans l'illégalité par rapport aux statuts du CNES et ne peut donc suspendre les délégués membres du bureau national. » La base a donc tranché à Constantine contre l'option prise par le secrétaire national de se conformer à la décision de justice et surseoir au mouvement de grève décidé à partir du 13 mai. Une détermination à nulle autre pareille chez les enseignants qui appellent, en outre, leurs étudiants à les soutenir. De son côté, le rectorat utilise les vacataires pour donner l'impression d'une activité normale, mais ces derniers commencent à réfléchir sur leur posture et refusent, pour certains, d'être utilisés comme des jaunes, briseurs de grève. Le bras de fer qui a franchi le Rubicon du pourrissement devra connaître un rebondissement à partir d'aujourd'hui.