L'université Mentouri a fonctionné hier uniquement grâce aux enseignants vacataires dont le nombre dépasse celui des permanents. Ces derniers (2019 selon les dernières statistiques) ont répondu dans leur majorité au mot d'ordre de grève à l'appel du CNES qui compte tenir aujourd'hui une assemblée générale afin d'informer ses adhérents du développement de leur mouvement revendicatif. Une AG qui se tiendra sous réserve, puisque le rectorat de l'université prive le syndicat de l'utilisation de l'auditorium et s'oppose à la majorité de ses activités « sous prétexte » qu'il n'est pas représentatif. Toutefois, le siège du CNES de Constantine était ouvert hier et fourmillait du va-et-vient des enseignants adhérents qui ont ouvert un registre de signatures et s'activaient pour assurer la transmission de l'information pour la tenue de la rencontre. « L'information balancée par la tutelle au cours du journal télévisé de vendredi dernier indiquant que le CNES avait abandonné la grève était de la pure intox qui visait à désinformer et briser le mouvement », expliquait Khaled Bessila, responsable local du CNES. Une tactique qui n'a pas manqué de perturber le mouvement d'où le report d'un jour de l'assemblée qui devra permettre aux membres du conseil d'expliquer au reste des adhérents la décision de justice intervenue le 9 mai pour le gel de la grève prévue pour une semaine et leur soumettre la responsabilité de trancher la position à adopter. Le bras de fer avec le ministère de l'Enseignement supérieur se complique et laisse désormais apparaître des signes de dérapages. Dans un appel adressé à l'ensemble des adhérents à travers le territoire national, les animateurs du syndicat enjoignent à leurs collègues de faire preuve de vigilance en leur conseillant certains gestes dignes des temps des troubles. « Au vu des déclarations prononcées à la télévision lors des informations de 20 h, les événements risquent de prendre une tournure négative et malsaine. Les accusations fourrées à l'intérieur du discours signifient une perte de sang-froid des pouvoirs publics, ou bien une intention de recourir à l'arbitraire », lit-on sur le site internet du CNES. L'université sera donc paralysée aujourd'hui pour la deuxième journée consécutive et rien ne dit que le conflit tend vers son règlement, bien au contraire, les signes du pourrissement sont les plus visibles. Entre la détermination des enseignants et l'intransigeance du gouvernement, les étudiants semblent indifférents alors que le spectre de l'année blanche plane sur leurs amphis.