Un deuxième contingent de 26 prisonniers palestiniens, détenus dans les geôles israéliennes depuis de longues années, a finalement pu respirer à nouveau l'air de la liberté, hier peu avant l'aube. Ils étaient tous en prison avant la signature des Accords d'Oslo par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et Israël en septembre 1993. Ghaza (Territoires palestiniens) De notre correspondant Ces combattants de la liberté, condamnés à de lourdes peines pour avoir commis des attentats contre des Israéliens, ont à chaque fois été exclus des accords ayant permis par le passé la libération de prisonniers palestiniens. Leur libération n'a été possible qu'après que la direction palestinienne, à sa tête le président Mahmoud Abbas, ait exigé de les voir hors de leurs geôles. C'est la condition que le président Abbas a, en tout cas, posée pour reprendre les négociations directes avec Israël sous l'égide des Etats-Unis. Parmi les quelque 5000 détenus palestiniens qui se trouvent dans les prisons israéliennes, 104 y étaient déjà avant la signature des Accords d'Oslo. Il n'en reste aujourd'hui que la moitié. «Aucun accord de paix ne sera signé avec Israël tant qu'un seul Palestinien sera encore détenu dans les geôles israéliennes», a assuré Mahmoud Abbas après avoir accueilli les 21 prisonniers originaires de Cisjordanie au siège de la Mouqataa, la Présidence palestinienne, à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Les cinq autres ont été conduits vers la bande de Ghaza où une foule compacte les attendait malgré l'heure tardive et le froid glacial dans l'enclave palestinienne. Comme à Ramallah, l'allégresse des proches et de l'ensemble de la population présente à leur accueil était immense. Les larmes de joie et les youyous se sont mêlés aux slogans lancés en signe de soutien aux libérés et à leurs camarades restés derrière eux, en prison, et qui attendent leur tour pour revenir dans leurs foyers. La population a commencé à se rassembler pour cet accueil très émouvant dès la fin de l'après-midi de mardi. Israël, comme lors de la libération, le 13 août, du premier contingent constitué, aussi, de 26 prisonniers, a retardé au maximum leur libération jusqu'à une heure tardive dans le souhait d'ôter la joie des retrouvailles entre ces combattants pour la dignité et leur peuple. Mais, cette fois aussi, les gens ont été patients et ont célébré le retour de leurs fils de la meilleure façon. Manœuvres israéliennes Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, n'a pas caché son «amertume» à l'égard de la libération de ces 26 hommes, dont chacun a une histoire pleine de bravoure, de dignité, de sacrifices et d'amour pour sa patrie. «La décision de libérer les prisonniers est l'une des plus difficiles que j'ai eu à prendre. Elle est injuste car ces terroristes sont relâchés avant d'avoir purgé leur peine. Mon cœur est avec les familles en deuil», a-t-il affirmé lundi, lors d'une réunion de son parti, le Likoud (le plus grand parti de droite israélien). Le Premier ministre israélien a essayé de justifier cette décision par la promesse faite à la direction américaine pour permettre un retour aux négociations de paix. Les négociations israélo-palestiniennes, qui ont repris le 30 juillet sous l'égide des Etats-Unis, se poursuivent dans le secret, à la demande des Américains. Israël, pour faire avorter ces négociations, n'a pas arrêté, depuis leur reprise, de prendre des décisions qui ne contribuent pas du tout à l'instauration d'un climat favorable à des discussions, surtout que celles-ci attaquent frontalement le droit reconnu par la communauté internationale aux Palestiniens de fonder un Etat libre et souverain sur les terres occupées en 1967. Comble de la provocation, le gouvernement israélien a annoncé – parallèlement à la libération des 26 prisonniers dans la nuit de mardi à mercredi – le lancement d'un appel d'offres pour la construction de 1500 logements dans les colonies installées dans la ville sainte d'El Qods, que les Palestiniens revendiquent depuis des lustres comme capitale de leur futur Etat. Les arrestations de Palestiniens se sont aussi multipliées ces derniers temps. Il est clair, qu'à travers ses manœuvres iniques, Israël veut gagner du temps pour renforcer sa politique de colonisation et imposer une nouvelle réalité sur le terrain. «Une telle position est de nature à miner les négociations de paix et détruire toute possibilité d'établir un Etat palestinien viable», a déclaré Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du comité exécutif de l'OLP. Contents de la libération de ces prisonniers, dont certains ont passé plus de 25 ans dans les geôles israéliennes, les Palestiniens restent pessimistes quant à l'issue finale des négociations avec Israël. Néanmoins, le président Mahmoud Abbas veut aller au bout des neuf mois que doivent durer ces pourparlers pour ne pas paraître, aux yeux de la communauté internationale, celui qui a gâché la dernière chance de voir la paix s'installer dans cette région à hauts risques.