L'annonce faite mardi dernier concernant le projet de construction de 1500 nouveaux logements – qui auraient contribué à isoler El Qods du reste de la Cisjordanie occupée – a été la goutte qui a fait déborder le vase. Ghaza De notre correspondant Celui qui n'a jamais reculé lorsqu'il s'agit de colonisation des Territoires palestiniens a décidé, mardi soir, d'annuler les appels d'offres faites récemment pour la construction de plus de 20 000 nouveaux logements coloniaux en Cisjordanie occupée, dont des milliers dans la seule ville sainte d'El Qods. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu ne s'est pas contenté de demander l'annulation de ces projets, il a aussi fortement critiqué son ministre du Logement, Uri Ariel, membre du parti d'extrême droite Israël Beytenou (foyer juif) et fervent supporter de la colonisation. Le Premier ministre israélien l'a accusé, en outre, d'avoir pris des décisions de construction sans avoir informé son gouvernement. «Le Premier ministre a donné ordre au ministre du Logement, Uri Ariel, de reconsidérer toutes les mesures concernant la planification (de ces logements) prises sans coordination préalable», a indiqué un communiqué du bureau du Benyamin Netanyahu, rendu public tard mardi soir. «Cette initiative ne contribue pas à la colonisation. Au contraire, elle lui porte tort (...). Cette action provoque une confrontation non nécessaire avec la communauté internationale au moment où nous nous efforçons de persuader des membres de la même communauté de parvenir à un meilleur accord avec l'Iran», a lancé M. Netanyahu. Benyamin Netanyahu s'est donc appuyé sur le dossier iranien, à propos duquel les Israéliens sont très sensibles, pour expliquer sa brusque volte-face et ne pas donner l'impression de plier devant l'intransigeance de la direction palestinienne et ses menaces d'arrêter les négociations directes avec l'Etat hébreu. Ce n'est pas tout. Un tel scénario aurait embarrassé la direction américaine, qui a déployé beaucoup d'efforts diplomatiques pour convaincre les Palestiniens de la nécessité de la reprise des négociations avec Israël, qu'ils avaient suspendus durant trois longues années, à cause du refus du gouvernement israélien d'arrêter la colonisation. La colère de Mahmoud Abbas Les Palestiniens et les Israéliens ont entamé de nouveaux pourparlers de paix le 30 juillet dernier sous l'égide des Etats-Unis, mais les annonces d'appels d'offres pour la construction de milliers de nouveaux logements dans les colonies en Cisjordanie occupée ont failli les faire exploser. La récente visite dans la région du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, dans le but de sauver le processus de paix, a dû largement contribuer à mettre le gouvernement israélien sur la défensive. John Kerry avait, rappelle-t-on, déclaré en Palestine et en Israël que la colonisation était «illégale» et qu'elle «nuit au processus de paix». Une chose est certaine : l'annonce faite mardi matin concernant le projet de construction de 1500 nouveaux logements,qui auraient contribué à isoler El Qods du reste de la Cisjordanie occupée, a été la goutte qui a fait déborder le vase. En colère, les Palestiniens ont exigé son annulation. Ils ont menacé de quitter sur-le-champ la table des négociations au cas où elle était maintenue. La colère palestinienne a obligé l'Administration américaine à réagir et à remettre les Israéliens à leur place d'un ton menaçant. La porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, s'est empressée d'exprimer son inquiétude face à l'évolution de la situation : «Nous sommes profondément inquiets (...) nous avons été surpris par cette annonce et cherchons actuellement des explications auprès du gouvernement israélien.» Et d'ajouter : «Notre position sur les implantations est claire : nous n'acceptons pas la légitimité de la poursuite de la construction. Nous avons appelé les deux parties à prendre des mesures pour créer une atmosphère positive pour les négociations.» Mais ce qui a dû vraiment faire reculer le gouvernement israélien ainsi que Uri Ariel et son parti, qui ont toujours prôné la nécessité d'aller de l'avant dans la politique de colonisation. Telle est la déclaration de John Kerry qui souligne le risque pour Israël de se voir isolé sur le plan international en cas de nouvel échec du processus de paix. Israël paraît avoir besoin, comme jamais auparavant, de l'aide de la communauté internationale pour neutraliser l'Iran, sa bête noire, et son programme nucléaire. Quoi qu'il en soit, cette évolution est favorable à la direction palestinienne et à son président, Mahmoud Abbas. C'est son intransigeance sur la question de la colonisation qui a poussé la communauté internationale et particulièrement les Etats-Unis à faire pression sur Israël. Ainsi, il peut poursuivre avec moins de pression le processus de négociation devant durer 9 mois (la période a été décidée par Washington) avant la conclusion d'un accord final qui annoncera la naissance de l'Etat palestinien indépendant. L'espoir de connaître des jours meilleurs renaît chez les Palestiniens. Il est à espérer maintenant que cet espoir ne sera pas une nouvelle fois contrarié par Tel-Aviv, comme cela a été souvent le cas par le passé.