Les 42 acquéreurs attendent de disposer de leurs appartements, d'autant plus qu'une partie d'entre eux s'était acquittée d'un premier versement, alors que d'autres se sont ruinés en louant chez des particuliers. Lancée en grande pompe en 2005 par l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI), ex-EPLF, la tour de Bel-Air qui devait être élevée sur le flanc ouest de la ville de Skikda, n'est toujours pas livrée. Elle risque même de ne jamais l'être, au grand dam des 42 acquéreurs. Ces derniers sont revenus, une fois encore, à la charge pour crier leur désarroi et pour dénoncer aussi la loi du fait accompli qu'on leur impose. En prenant attache avec nos bureaux, une année après leur première visite, pour nous remettre un communiqué, une partie de ces acquéreurs a insisté pour attirer l'attention des autorités locales quant à la situation inconfortable dans laquelle ils se retrouvent. Ils expliquent que huit ans durant, ils n'ont jamais cessé de caresser le rêve de disposer enfin de leur bien d'autant plus que ces logements s'inscrivent dans la formule du promotionnel. D'ailleurs une grande partie s'était acquittée, en 2005 déjà, d'un premier versement (40 %) et une autre partie s'est ruinée en louant chez des particuliers dans l'attente de disposer de leur logement flambant neuf. Leur attente a cependant été interminable et elle se poursuit toujours. Ils reviennent également sur l'historique pour le moins invraisemblable de cette tour infernale. D'abord, le projet de cette tour de 14 étages passera deux années de somnolence et ce n'est qu'en 2007 que l'ENPI daignera officiellement se manifester et de promettre aux acquéreurs qu'ils allaient disposer de leurs clefs avant la fin de l'année 2009. Le chantier voit le jour et quatre étages poussent enfin. Puis, en 2010, et comme une désillusion, l'entreprise en charge du projet plie bagage et le chantier est mis à l'arrêt. «On a tenté de comprendre le pourquoi mais aucune réponse convaincante ne nous a été apportée par les responsables de l'époque. Désabusés, certains d'entre nous ont saisi la justice pour les préjudices moraux et financiers causés par le mépris qui nous avait été affiché», explique un des acquéreurs. Ceux qui ont choisi la voie de la justice se verront déboutés car ils ne disposaient pas d'un acte notarié de propriété mais d'une simple attestation de réservation. L'ENPI prise dans le piège En 2011, le projet restait toujours à l'arrêt. Dépités, 7 acquéreurs se désistent et 8 logements restent invendus. L'ENPI, tout comme ses clients se retrouve alors prise dans son propre piège. Pour relancer le chantier, elle devait d'abord consolider le site, une opération qui nécessitait une enveloppe conséquente. Qui payera cet argent ? Etant une entreprise commerciale, l'ENPI, du moins la direction locale, ne pouvait assurer un tel surcoût à moins que la direction centrale ou le ministère de l'Habitat se manifestent. Pour trouver une sortie honorable à ce gâchis, l'ENPI propose alors à ses clients soit de se faire rembourser, soit d'accepter d'être délocalisés vers d'autres projets, car apparemment, l'histoire de la tour de Bel-Air s'achemine directement vers un abandon, ce qui n'est pas du goût des acquéreurs, et c'est leur droit le plus légitime. «Qui aura à supporter les surcoûts ? Calculera-t-on ces logements sur le référentiel 2005 ou sur celui de 2013 ? Et qu'en est-il des dommages de huit années d'attente ?» s'interroge un des concernés. Aujourd'hui, et à travers leur lettre, les acquéreurs répondent, à leur manière, aux « justifications » apportées par l'ENPI au sujet des motifs ayant conduit à l'arrêt du chantier. Ils avancent que pour expliquer la situation actuelle, l'ENPI leur a mis en avant deux appréhensions : l'aspect technique et l'aspect financier. «Les appréhensions techniques relatives à l'instabilité du sol ou à la présence d'eau dans les fondations, développées par l'ENPI ne peuvent résister aux arguments scientifiques et par ricochet, son infondés», lit-on dans leur document. Pour expliquer leur thèse, ils avancent plusieurs argumentaires : «La tour est bâtie sur un terrain très solide, la première entreprise a réalisé un radier général pour solidifier le sol en plus, en 2011, l'ENPI a réalisé 29 pieux pour consolider l'immeuble…» Ils vont encore plus loin en proposant une expertise pour déterminer l'origine des infiltrations d'eau. Ceci, d'une part, d'autre part, et au sujet des appréhensions financières, les acquéreurs estiment que l'ENPI «fait miroiter un autre épouvantail, celui de la réévaluation du coût du projet». Ils jugent qu'ils ne sont pas «responsables des erreurs technico-administratives du projet et ne peuvent supporter le retard de réalisation qui a conduit à une réévaluation». A ce sujet, et pour montrer leur bonne foi, ils déclarent qu'ils ont proposé à l'ENPI «la suppression systématique de 5 étages du moment que 8 logement restent invendues et que 5 d'entre eux se sont carrément désistés ». Ils estiment que cette suppression permettra d'amortir un déficit de plusieurs milliards de centimes, en plus elle allégera la tour qui comprendra 9 étages au lieu des 14 prévus initialement. Ils concluent leur lettre par un appel aux pouvoirs publics pour les aider à trouver une solution favorable aux familles ayant nourri un rêve huit ans durant.