De 17 000 habitants, la commune de Beni Messous, à l'ouest de la capitale, est passée à 40 000 en l'espace d'une dizaine d'années seulement. Des cités tentaculaires ont été construites à Beni Messous, transformant à jamais la composition sociale et urbaine du village, qui s'est muée en une véritable agglomération. Des cités, dans le cadre de l'AADL, ont été construites à Sidi Youcef, à Ben Haddadi ou encore aux abords de l'artère principale qui traverse la ville de bout en bout. Cependant, cette transformation n'a pas été suivie de réalisation d'équipements publics répondant aux besoins grandissants des habitants. La commune enregistre un énorme déficit en établissements scolaires, en commissariat de proximité et en structures sportives et de loisirs. «Nous avons été relogés par la wilaya dans les années 2000, notre cité est dépourvue de commodités, telles qu'un bureau de poste, une maison de jeunes ou une annexe administrative. Pour le payement d'une simple facture d'électricité, nous sommes obligés de nous rendre au chef-lieu de la commune», dira un habitant de la cité des 800 Logements. Cette cité arbore des apparences similaires à une forêt touffue. Les immeubles tels des arbres culminants, s'alignent dans une disposition rectiligne pour former une mixtion à peu près homogène. «Hormis les immeubles, notre cité n'a été dotée d'aucun aménagement susceptible d'élever notre cadre de vie à un rang acceptable», poursuit-il. En effet, les espaces attenants aux bâtiments ne sont pas aménagés et le peu d'espaces verts que compte la cité ne sont pas assez grands. «Dans une cité telle que la nôtre, il devrait y avoir au moins une dizaine d'aires de jeux pour les enfants. Néanmoins, le bien-être des citoyens que nous sommes ne semble pas intéresser les autorités locales qui ne lui accordent aucun intérêt», déplore un père de famille. A quelques encablures de la cité des 800 Logements, une autre cité pareillement étendue a été érigée dans le périmètre de la commune. Elle accueille des milliers de familles relogées dans le cadre du logement AADL. A part quelques parties de la cité recouvertes d'une verdure pauvre pour un semblant d'espaces verts, la cité affiche les mêmes manques en matière de structures d'accompagnement. «Les jeunes de notre cité sont livrés à eux-mêmes. Ici, il n'y a ni centre culturel ni salle de sport. Les jeunes de la cité fréquentent les cafés ou s'adossent aux murs des cages d'escalier», regrette un habitant de la cité. Une ville congestionnée La commune de Beni Messous connaît une congestion routière importante. Les anciens axes routiers de la ville ne peuvent plus désormais contenir le flux grandissant de voitures. Le quotidien des habitants de la commune est empoisonné par les embouteillages. «Je travaille à Alger ; pour rejoindre la rocade sud, il me faut au moins une heure et demie», affirme un habitant du centre-ville. Les autorités locales sont en train de construire de nouvelles routes qui devront désengorger un tant soit peu le centre-ville. En plus des établissements publics que sont le bureau de poste, les agences Sonelgaz et les établissements scolaires, le centre-ville compte l'une des structures hospitalières des plus importantes de la capitale. Ce qui fait que le chef-lieu de la commune est sujet à des embouteillages endémiques. Les responsables au niveau local sont conscients des désagréments que subissent les habitants de Beni Messous. Pour régler le problème, l'APC vient de lancer des travaux pour la construction de nouvelles routes secondaires. «Une nouvelle route sera réalisée à partir de l'hôpital, elle aboutira au quartier Aïssat Idir. Un autre axe routier sera également construit à partir des Orangers jusqu'à Sidi Youcef. Une troisième route reliera le centre-ville à Sidi Saâdi», dira le président d'APC, Bouraba Mohamed. Dans un autre registre, et s'agissant de la prise en charge de la jeunesse locale, notamment en matière de loisirs éducatifs, la commune de Beni Messous manque de structures de ce genre. En dépit du nombre croissant des jeunes, la commune ne possède qu'une seule maison de jeunes, qui est en plus actuellement en chantier. «Les travaux de réhabilitation de la maison de jeunes sont en cours. Ils ont atteint un taux d'avancement d'environ 45%. Dès la réception de la structure, l'APC participera à son équipement, au même titre que la DJSL», assure le président de l'APC. En attendant que les travaux soient achevés, les jeunes de Beni Messous se déplacent vers les communes limitrophes afin d'y pratiquer des activités de loisirs. Anarchie urbaine La commune de Beni Messous compte un certain nombre de quartiers construits dans des endroits inappropriés. En venant du sud, le visiteur est surpris par la masse des constructions érigées sur un terrain abrupt et escarpé. L'endroit où foisonnent des habitations est en fait un oued. Les premières maisons ont été carrément construites au milieu du cours d'eau. Le quartier prend au fur et à mesure que l'on monte une gigantesque dimension. Les maisons serpentent la montagne sur ses deux flancs pour culminer avec des lotissements aussi vastes qu'éparpillés. L'endroit est loin d'être sécurisant. Il présente tous les signes avant-coureurs d'une catastrophe. D'ailleurs, lors des dernières précipitations qu'a connues la capitale, un mur de soutènement a cédé sous l'effet des eaux pluviales. Fort heureusement, l'incident n'a pas fait de victimes. «Il faut s'attendre à des catastrophes. Car les gens ont construit sur un lit d'oued. Toutes les eaux pluviales et celles des ruisseaux convergent au niveau de cette entaille située entre deux montagnes», affirme un habitant de la commune. «Les pouvoirs publics n'ont pas fait leur travail en temps voulu. Car il fallait interdire à ces citoyens de construire dans un tel endroit», conclut-il.