La commune d'El Achour, à l'ouest de la capitale, s'est transformée, en l'espace de quelques années seulement, en une agglomération tentaculaire. D'un petit village d'à peine 15 000 âmes durant les années 1990, la commune compte aujourd'hui près de 50 000 habitants. En plus des constructions individuelles qui se sont greffées au noyau du village, de gigantesques cités ont été construites dans tout le périmètre de la commune, lui conférant des allures de mégapole. A l'instar de Aïn Allah, Draria ou encore Bab Ezzouar, El Achour est considérée actuellement comme étant l'une des communes les plus peuplées de la capitale, car les pouvoirs publics en ont fait une zone d'habitation. Cependant, les structures devant suivre cette fulgurante transformation n'ont pas suivi. Les nouveaux habitants, relogés dans des cités numérotées, font face à un manque flagrant d'établissements scolaires, de structures sanitaires, administratives et celles dédiées à la prise en charge de la jeunesse dans le cadre des loisirs éducatifs et d'activités sportives. Des cités sans aménagements : Les cités d'El Achour comptent un nombre important de logements, mais elles sont loin de répondre aux normes les plus élémentaires en matière d'urbanisme. Entrecoupées d'espaces qui ne sont pas agencés, ces cités ressemblent à des forêts d'immeubles sans âme. Les bâtiments se juxtaposent dans un alignement parfait qui leur confère une symétrie rigide. L'espace urbain à El Achour est marqué par une monotonie évidente. Les espaces, mitoyens aux immeubles, ne sont pas exploités de manière efficace. Leur exiguïté ne permet d'ailleurs pas d'installer des équipements devant répondre aux besoins des résidants en matière de loisirs. Dans ces intervalles inoccupés, les locataires garent leurs voitures ; aussi, il n'y a guère de place pour des aires de jeux. Dans d'autres cités de la commune, les espaces existent mais les aménagements manquent. Quant aux jardins et espaces verts, ces derniers semblent ne pas constituer une priorité. L'important est que les familles soient logées, quitte à passer outre tous les paramètres qui rentrent en considération quand il s'agit de faire vivre 10 000 habitants dans un même endroit. Dans cet amalgame de constructions où s'entremêlent de petits immeubles à d'autres aussi larges qu'un terrain de football, point de maison de jeunes, ni centre culturel, encore moins de centre de santé. Que ce soit aux Grands Vents, à Oued Tarfa ou à Oued Romane, la situation dans les cités est pratiquement la même. Hormis les cafés qui fleurissent dans les moindres recoins de la commune, les habitants d'El Achour, notamment les jeunes, n'ont pas d'endroits où ils peuvent s'adonner à des activités de loisirs éducatifs et sportifs. «Nous sommes contraints de nous rendre dans les cafés, car ce sont les seuls endroits qui peuvent nous accueillir. Nous avons un seul stade à la sortie de la ville et il est tout le temps occupé. Nous n'avons ni maison de jeunes ni centre culturel», déplorent des jeunes de la cité des 1827 Logements. Une population de jeunes au chômage Le chômage à El Achour touche une grande partie de la jeunesse, particulièrement certains diplômés d'entre eux. En dépit de l'existence d'une zone industrielle au niveau de la commune, cette dernière ne suffit pas à elle seule à résorber tout le chômage existant. Des ingénieurs et des techniciens fraîchement sortis de l'université se retrouvent systématiquement au chômage, ils n'ont que les murs de leurs immeubles pour s'y adosser, en attendant des jours meilleurs. «Je suis ingénieur en agronomie, cela fait une année que j'ai terminé mes études, je n'ai toujours pas trouvé de travail», regrette Sofiane, un jeune de 27 ans, qui passe le plus clair de son temps dans les cafés ou dans le seul cybercafé de leur cité. Un autre problème de taille se pose également à El Achour, c'est celui du manque d'établissements scolaires. La commune comptait avant la réalisation des cités AADL un nombre d'écoles qui se comptait sur les doigts d'une main. Maintenant que le nombre d'habitants est passé du simple au double, ces établissements scolaires ne suffisent plus pour contenir le nombre grandissant d'élèves. «Nos enfants sont entassés dans des classes de quarante élèves», affirment des résidants du quartier les Grands Vents, et de poursuivre : «au niveau local, on nous a expliqué que cette situation est passagère et que les pouvoirs publics allaient résoudre ce problème en construisant de nouvelles écoles, particulièrement pour les cycles primaire et moyen, mais ces promesses sont restées sans suite. Nous devons, pour la deuxième année consécutive, envoyer nos enfants dans des écoles saturées.» Pour faire face à cette situation qui dénote d'un manque de suivi avéré, les autorités locales viennent de lancer un programme ambitieux. Il est question dans le cadre de cette démarche de construire huit nouvelles écoles, «celles-ci permettront de faire face au nombre d'élèves qui s'accroît d'année en année», rassure le président d'APC, Selini Dahmane. La commune d'El Achour a définitivement perdu sa vocation initiale qui était l'agriculture. Les terres agricoles qui faisaient la fierté de ses habitants durant les années quatre-vingts ont toutes été envahies par le béton. «je me rappelle, il n'y a pas si longtemps, notre commune produisait toutes sortes de produits agricoles. Nous alimentions alors toute la capitale. Maintenant, les parcelles de ces terres fertiles servent d'assiettes foncières», dira un ancien habitant d'El Achour. En bordure de la ville, des terres agricoles ont échappé, on ne sait d'ailleurs par quel miracle, à la dilapidation. Ces terres produisent des variétés de céréales et des produits potagers, d'où la nécessité de les protéger contre l'envahissement du béton. La commune d'El Achour a de grandes potentialités dans le domaine industriel et agricole, il convient de les exploiter de manière efficiente afin de faire sortir la commune de sa léthargie, d'autant plus que la municipalité manque de rentrées d'argent.