Après moult reports, la conférence internationale sur la Syrie va enfin se tenir le 22 janvier prochain à Genève. La deuxième sera-t-elle la bonne ? Enfin, diront les observateurs qui ont suivi les péripéties de cette âpre négociation ayant abouti à un accord de principe de réunir autour de la même table pouvoir et opposition pour faire taire les armes et stopper les massacres en Syrie. C'est une bonne nouvelle certes, mais il faut se garder de crier victoire tant ces discussions pourraient buter sur l'objectif tel que décliné par les organisateurs. Le sort du président Bachar Al Assad et son régime au terme de Genève 2 est loin de faire consensus. L'opposition syrienne, déjà extrêmement divisée sur le sujet, a certes annoncé sa participation à la conférence pour la paix. Mais elle a posé une condition qui sonne comme un veto : que le président Bachar Al Assad quitte le pouvoir et soit exclu de toute phase transitoire. A contrario, le régime syrien exclut tout départ de M. Assad. Voici la principale pierre d'achoppement de Genève 2 que Genève 1 n'a pas pu surmonter. Les organisateurs ne savent pas trop comment pourraient-ils se sortir de ce problème crucial qui ne manquera pas d'être posé en pleines négociations. «La question de savoir si Assad compte envoyer une délégation à Genève qui aura un pouvoir décisionnel est encore en suspens», glisse un diplomate de l'ONU. Mais avant d'en arriver là, l'ONU, Lakhdar Brahimi et les grandes puissances préfèrent savourer ce rare moment de «plaisir» même s'il risque d'être éphémère… «Le secrétaire général des Nations unies réunira la conférence sur la Syrie à Genève le mercredi 22 janvier, amenant à la table des négociations à la fois le gouvernement syrien et l'opposition pour la première fois depuis le début du conflit», a indiqué hier le porte-parole de M. Ban Ki-moon dans un communiqué. «Nous irons à Genève avec une mission d'espoir. Cette conférence est le moyen pour parvenir à une transition pacifique qui répond aux aspirations légitimes de tout le peuple syrien pour la paix et la dignité, et qui garantit la sécurité et la protection à toutes les communautés en Syrie», a ajouté le porte-parole. Il rappelle que l'objectif est la mise en œuvre du plan du 30 juin 2012. Une transition problématique Pour rappel, ce plan avait été laborieusement adopté par les grandes puissances et les pays voisins de la Syrie lors d'une première conférence à Genève, sans participation syrienne, puis confirmé par la résolution 2118 du Conseil de sécurité en 2013. Il n'a jamais été mis en œuvre et il avait été jusqu'à maintenant impossible de trouver un accord pour Genève 2. Il s'agit d'établir «sur la base du consentement mutuel d'un organe de gouvernement de transition avec les pleins pouvoirs exécutifs, y compris sur les organes militaires et de sécurité», souligne le communiqué de l'ONU. En filigrane, on comprend qu'un éventuel accord consacrera de fait la mise à l'écart de Bachar Al Assad. Le secrétaire général de l'ONU a d'ailleurs invité les participants syriens (régime et opposition, ndrl) à venir «en ayant clairement compris que c'est l'objectif» de la conférence. Pas sûr que le président Al Assad puisse accepter de se mettre la corde au cou, lui qui annonce à qui veut bien l'entendre que son armée s'apprête à mettre hors d'état de nuire l'opposition armée. Mais Ban Ki-moon, met aussi la pression sur les soutiens du régime syrien qui seront également invités à la conférence, notamment la Russie et l'Iran. «Le conflit en Syrie n'a que trop duré. Il serait impardonnable de ne pas saisir cette opportunité pour mettre fin aux souffrances et aux destructions qu'il a causées», déclare le secrétaire général de l'ONU. Mais il va falloir convaincre d'abord les deux belligérants dont les conditions de participation sont aussi contradictoires qu'inconciliables.