Le groupe des 14 partis élargi à des personnalités politiques a fondé une alliance pour garantir une élection présidentielle «libre et ouverte». Deux points majeurs : le rejet de toute révision de la Constitution et la mise en place d'une commission électorale indépendante. Dans la perspective de la tenue de l'élection présidentielle en avril 2014, une nouvelle initiative politique a vu le jour hier à Riadh El Feth rassemblant des membres de ce qui est communément appelé le groupe des 14 partis, élargi à d'autres formations politiques et personnalités publiques. Deux points majeurs fondent cette alliance pour garantir une élection libre et ouverte, à savoir «le refus ou le rejet de toute révision de la Constitution avant la présidentielle» et «la mise en place d'une commission indépendante pour la supervision et la préparation du prochain rendez-vous électoral dans ses différentes étapes». Les partis politiques ayant apposé leur signature à l'appel de cette initiative sont pour la plupart de nouvelles formations. L'on compte respectivement, le PRNR, le MSP, le FJDC, le MNL, El Fadjr El Djadid, Jil Jadid, le PCDL, le PRP, le FAN, Ennahda, le FNL, le FBG et le PEP. L'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, l'ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rehabi, ainsi que les universitaires Ahmed Adimi et Mohand Arezki Ferrad sont aussi partie prenante de cette initiative qui se veut un «un premier pas vers un plus grand rassemblement de tous les Algériens». Le RCD, qui a fait une entrée timide dans ce projet, se donnant le temps de mieux l'analyser, a néanmoins délégué deux de ses membres en qualité d'observateurs à la rencontre d'hier. «Toutes les annonces de réformes faites par le pouvoir abondent vers un retour à la pensée unique et la réédition des expériences révolues… Il nous est pénible de laisser passer encore une fois un autre rendez-vous aussi important que l'élection présidentielle sans rien faire. Nous ne pouvons pas avoir confiance dans les mesures ou promesses d'une élection transparente émanant du pouvoir», souligne la déclaration des partis qui voient dans la révision de la Constitution avant les élections un moyen de garantir au système une nouvelle vie. «Ce que propose notre initiative, que nous espérons élargir à d'autres formations politiques, c'est de veiller à ce que les élections ne soient pas fermées… Nous ne posons pas la problématique de la candidature ou pas du Président, mais qu'on ne nous impose pas l'idée que sa candidature est un quatrième mandat assuré. Nous ne voulons pas d'une révision de la Constitution avant cette élection parce qu'elle garantirait au système de passer un obstacle et non de permettre à l'élection d'être ouverte», souligne le président du parti El Fadjr El Djadid, Abdelkader Benbaïbèche, en notant qu'une commission indépendante pour organiser les élections est une garantie certaine de la neutralité de l'administration. «Cette dernière ne devant être qu'un moyen pour aider la commission indépendante et non pas à contrôler l'élection. La transparence sur la composition des listes électorales est un préalable à toute élection libre», note encore Benbaïbèche en réponse aux questions des journalistes. Interrogé sur l'absence du plus vieux parti de l'opposition, le FFS, Benbaïbèche estime que l'initiative s'adressera à tous les partis et cadres connus pour leur combat pour la démocratie et le FFS, dit-il, «est le seul réel parti de l'opposition qui n'a pas eu de rapport avec le système. Tous les autres partis sont soit issus du système ou ont eu des liens à une époque avec le système. Il n'y a plus de politique depuis 1999, et à ce jour, aucun parti ni personnalité n'est capable de changer la donne, seul le peuple en est capable. Nos partis et personnalités ici rassemblés se regroupent depuis une année et essayent de proposer des actions concrètes pour qu'on n'impose pas un choix au peuple». Ahmed Benbitour, pour sa part, affirme : «Nous ouvrons une porte pour un meilleur avenir pour l'Algérie, pour dire non au pouvoir autoritaire, oui à une démocratie véritable garantissant l'indépendance des institutions et une concurrence politique basée sur les programmes et non pas sur les allégeances.» L'ancien chef de gouvernement sous Bouteflika estime qu'il est temps de sortir des révisions de la Constitution taillées sur mesure. Les initiateurs de la rencontre d'hier affirment en outre que leur initiative ne vise pas à sortir avec un seul candidat à la présidentielle, du moins pas tant que le flou empêche de déchiffrer vers où s'achemine la situation politique du pays.