Cette population souffre aussi de problèmes de couverture sociale. Les années passent et se ressemblent pour les personnes handicapées en Algérie. Si leur nombre est déjà sujet à polémique (entre 2 et 3 millions), leurs souffrances ne font que se compliquer d'avantage. Sans prise en charge réelle en dépit de l'existence de textes de loi pour leur protection, cette frange de la population ne cesse de faire face à des problèmes de discrimination et de marginalisation. Et en guise de récompense, les pouvoirs publics ont recours, à chaque célébration de la Journée internationale des handicapés, à des promesses mais qui demeurent à chaque fois sans exécution. Les handicapés restent ainsi sans protection et sans prise en charge réelle, malgré l'existence d'une loi, depuis 2002 (loi 02-09), dont ils demandent la révision car beaucoup de ses articles ne sont pas appliqués. Des textes qui mettent notamment en évidence les droits sociaux octroyés à cette frange de la société sur les plans de la sécurité sociale, de l'intégration dans la vie active, de la scolarisation et de la formation. Mis à part les quelques dons et les distributions de fauteuils roulants, les revendications des handicapés, qui sont diverses et multiples, sont renvoyées à chaque fois aux calendes grecques. Confrontés à un sérieux manque d'infrastructures et de commodités, les handicapés ne perçoivent que de minces pensions qui ne facilitent pas leur autonomie. Leur pension de 6000 DA répond-elle à toutes leurs dépenses ? Cette population souffre aussi de problèmes de couverture sociale. «Depuis 2009, l'Etat verse une pension de 4000 DA par mois aux handicapés à 100% et 3000 DA aux autres. Ce n'est pas du tout suffisant», a soutenu, dimanche, le président de l'Union nationale des handicapés (UNHA), Rezzak Mohamed Nabil, au forum du quotidien francophone DK News. L'UNHA a également rappelé avoir proposé à la tutelle, le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la condition de la Femme, de relever les pensions versées aux handicapés «au minimum» au niveau du SNMG, soit 18 000 DA et de les verser «régulièrement», et M. Rezzak regrette de «ne pas avoir reçu de réponse». Cette revendication de l'association, a-t-il nuancé, a été assortie d'une condition suivant laquelle la revalorisation des pensions n'interviendrait qu'une fois le fichier national des handicapés «assaini» et les types de handicap clairement définis suivant les termes de la convention internationale de protection des droits des handicapés, ratifiée par l'Algérie en décembre 2009. Le même jour, soit dimanche, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Souad Bendjaballah, avait annoncé qu'une enquête sur le handicap en Algérie serait lancée à partir de janvier 2014. Cette enquête, qui sera réalisée par le Céneap, permettra, entre autres, d'obtenir des «données statistiques fiables et une évaluation précise, qualitative et quantitative de la situation et des besoins des personnes handicapées». Si une telle décision a été accueillie avec soulagement par l'UNHA, l'année 2015 sera-t-elle celle du bonheur pour ces personnes qui souffrent aussi du manque de couverture sociale réelle ? Notamment pour ces enfants qui sont condamnés à «sécher» l'école faute de pouvoir se déplacer et qui sont loin de jouir des mêmes conditions et avantages que les autres enfants. Les prochaines années nous apporteront des réponses.