Plus de 20 ans après la fin de l'apartheid, l'Afrique du Sud, le pays de Mandela, fait toujours l'apprentissage d'une vie expurgée de tous les démons. Si le pays a fait du chemin en étant le plus riche du continent africain, une grande partie de sa population vit dans la misère. Les inégalités sont toujours importantes entre les Noirs et les Blancs. Selon des statistiques publiées dans la presse internationale, entre autres le Nouvel Observateur, 26% des Sud-Africains ne mangent pas à leur faim et 52% d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Les Sud-Africains fondaient leurs espoirs sur l'African National Congress (ANC) qui a combattu l'apartheid. L'ANC, à la tête d'une alliance avec le parti communiste SACP et la plus importante organisation syndicale (Cosatu), domine la politique du pays depuis le 27 avril 1994, avec l'organisation des premières élections multiraciales où Nelson Mandela est devenu le premier Président noir d'Afrique du Sud. L'arrivée au pouvoir de celui qui incarne la lutte contre l'apartheid a conduit à la mise en place d'une redistribution des pouvoirs au sein de l'économie du pays jusque-là exclusivement entre les mains des Blancs. Mais 20 ans après la fin du système de discrimination, les problèmes ne sont que partiellement résolus. Les inégalités, le chômage et le sida qui frappent de plein fouet le pays de Mandela demeurent toujours. L'ANC, après le départ de son autorité morale, a perdu de sa crédibilité en tombant dans les travers des luttes pour le pouvoir et surtout de la corruption. Ni Thabo Mbeki ni Jacob Zuma n'ont pu sortir l'Afrique du Sud de l'engrenage du chômage qui oscille entre 25 et 35%. Le parti de Mandela, selon des spécialistes de ce pays, recule d'année en année. Il a même connu des scissions à partir de 2008. Démocratie Alliance, un parti d'opposition formé par des Blancs anglo-saxons, dirigé par le maire du Cap, Helene Zille, remporte pour la première fois en 2009 la province du Cap. La corruption et la concentration des privilèges entre les mains d'une minorité de responsables ont bien entamé la crédibilité de l'ANC, qui a réussi le défi d'abattre l'apartheid sans réussir le pari d'engager une gestion faite de transparence et de respect de l'égalité. L'épisode de la succession organisée au forceps entre Thabo Mbeki et Jacob Zuma a marqué les esprits. Et les affaires de corruption qui frappent le parti ont sérieusement atteint le capital confiance qui existait entre les actuels responsables l'ANC et le peuple. Jacob Zuma peine à redresser une situation qui a tourné à l'avantage d'une petite élite qu'à la majorité des habitants de ce pays. Et le fait qu'il soit touché par des affaires qui démontrent qu'il a bien abusé des privilèges de sa fonction met l'ANC sur un baril de poudre à quelques mois des élections présidentielles.