Toute la trame de son roman repose sur l'histoire véridique d'une lesbienne algérienne qui vit son idylle avec une Espagnole. Le roman en question sera publié en mars 2014, respectivement aux éditions françaises Grasset et aux éditions algériennes Barzakh. Rencontré au dernier jour du Salon international du livre d'Alger, lors de la vente-dédicace de ses ouvrages aux éditions Barzakh, Rachid Boudjedra a divulgué les grandes lignes de son nouveau roman Printemps. Avec le langage tranchant qu'on lui connaît, Rachid Boudjedra indique que toute la trame de son roman repose sur l'histoire véridique d'une lesbienne algérienne qui vit son idylle avec une Espagnole. L'auteur tient à rappeler qu'il a déjà abordé la question de l'homosexualité, notamment dans son roman Hôtel Saint-Georges. Le personnage principal, Theldj, est originaire d'Arris. Dépassant la trentaine, elle est professeure d'arabe en littérature amoureuse antique à l'université d'Alger. C'est également une ancienne sportive ayant remporté le 400 m haies. La mère de Theldj était sage-femme à la clinique Debussy, à Alger. Elle a été égorgée dans les jardins de cette clinique lors de la décennie noire en 1994, alors que Theldj avait tout juste huit ans. Cette dernière a été élevée par un père formidable. Elle est fascinée par les voyages et effectue plusieurs séjours en Chine. Elle enseignera d'ailleurs dans ce pays pendant deux ans en qualité de professeure en littérature amoureuse arabe antique. L'Espagnole, quant à elle, est ingénieure en travaux publics. Elle travaille au Métro d'Alger. Ces deux jeunes filles, liées par l'amour, vivent dans le même immeuble. Elles partagent et suivent les différents printemps arabes qui se déroulent en Tunisie et dans le Moyen-Orient, et ce, à travers les journaux et les flashes de radio. Theldj se rend compte très vite que ces printemps arabes ne sont autres que la répétition de la révolte des années 1988, suivie de la décennie noire. Les deux femmes arrivent au moment où elles se rendent compte qu'un différend les oppose au niveau de la perception et de la compréhension de certaines choses. Devant l'incapacité de Theldj d'expliquer à son amie ce qui se passe réellement, cette dernière finit par quitter l'Algérie. Rachid Boudjedra explique que le courant ne passe plus entre les deux femmes comme avant, pour la simple raison qu'il y a un différend culturel né du racisme. «Si les Algériens sont racistes, les Occidentaux le sont plus que nous. Ils se plaisaient à vouloir nous montrer ce degré de supériorité. Par le biais de cette histoire d'amour, j'ai tenté de faire un texte poétique, reposant sur une certaine structure. Je veux que ce roman éveille les consciences. Je veux faire parvenir un message aux Occidentaux. Ils veulent nous raconter des histoires, alors qu'eux-mêmes sont pires. Il ne faut pas oublier que les Allemands et les Français se sont entretués. Le monde occidental est des plus méchants. Mon roman se situe entre 1913 et 2013. C'est un siècle de guerres», explique-t-il. Rachid Boudjedra est convaincu que toutes les révolutions qui se sont déroulées ne sont que des émeutes stupides dont les conséquences sont perceptibles aujourd'hui.