Les troubles mentaux viennent en tête avec 15084 cas dont 784 enfants âgés de 6 à 18 ans. Le nombre de personnes atteintes d'une infirmité physique ou mentale ne cesse d'accroitre à Tizi Ouzou. Pas moins de 31370 cas ont été recensés, soit 2, 72 % de la population de la wilaya. Ce chiffre a été communiqué par le directeur de l'action sociale (DAS), lors d'une journée d'étude organisée mardi à la maison de la culture Mouloud Mammeri. Par catégorie de malades, la situation se présente comme suit : 15084 handicapés mentaux dont 784 enfants de 6 à 18 ans, 10492 moteurs dont 782 enfants, 2774 visuels dont 83 enfants, 1697 auditifs dont 171 enfants et 323 polyhandicapés. La pression sur les rares structures spécialisées fonctionnant avec des moyens dérisoires a connu, elle aussi, une courbe ascendante ces dernières années. L'Ecole de jeunes aveugles de Boukhalfa, dans la banlieue de Tizi Ouzou, reçoit 44 enfants non voyants scolarisés alors que celle réservée aux sourds en accueille 80. Selon le même responsable, 546 enfants inadaptés mentaux ont été placés dans des centres psychopédagogiques (CPP), à savoir 110 à Boukhalfa et 436 au niveau des 9 établissements gérés par le mouvement associatif de la wilaya. S'agissant des dispositifs d'aide mis par les pouvoirs publics, le directeur de l'action sociale a précisé que 8348 handicapés à 100 % perçoivent une pension de 4000 DA, 7488 autres (moins de 100 %) ouvrent droit à l'AFS de 3000 DA. Au total, ils sont 15836 à bénéficier d'une aide financière de l'Etat, représentant 51,32 % de la population handicapée de la wilaya. Sur le nombre de handicapés connus des services de l'action sociale, 17400 seulement sont affiliés à la CNAS (prestation maladie). La plupart vit dans la précarité. «Il faut revaloriser notre pension», ont réclamé des handicapés moteurs présents dans la salle de conférence. Pis, l'indemnité arrive souvent avec des mois de retard dans le compte postale des concernés, a témoigné péniblement un jeune handicapé qui manifestait un trouble de la parole. «Nous n'avons pas encore perçu les mensualités des mois d'aout et septembre», a t-il fait remarquer à l'adresse des responsables de l'action sociale qui égrenaient «les moyens financiers mobilisés annuellement pour la prise en charge des handicapés de la wilaya». Lui succédant au micro, une mère de famille a énuméré les difficultés rencontrées dans la prise en charge médicale de son fils souffrant de déficience mentale agressive. «Je n'ai pas trouvé de structure d'accueil pour lui. On lui a toujours refuse l'accès» a-t-elle raconté. De son côté, M.Kolai, directeur du centre psychopédagogique de Boukhalfa a déploré le manque de structures spécialisées à travers la wilaya. «Nous ne disposons pas de moyens pour la prise en charge des inadaptés mentaux. Nous avons tiré la sonnette d'alarme à maintes reprises mais nos interpellations semblent tomber dans l'oreille d'un sourd».Cet état des lieux n'est pas sans conséquences pour les parents qui se voient abandonnées à leur triste sort. «Cela fait plonger la famille concernée dans une situation stressante et traumatisante», a relevé M.Filali, psychologue clinicien. «Au sein de la famille, ce sont le désespoir, l'angoisse et le sentiment de culpabilité qui s'installent. Les parents ne voient en cela (la naissance d'un enfant mentalement retardé) qu'une fatigue entourant la famille. Pour des familles de handicapés, cette naissance n'est qu'une punition et qui, pour eux, va toucher même à leurs autres nouveaux nés. Et cette situation pousse éventuellement les parents à abandonner leur enfant. Ils le considèrent comme un porte malheur. En revanche, il ya des parents moins inquiets», a-t-il ajouté. Selon ce psychologue, la prise en charge parentale demeure très importante pour l'enfant. «Il a besoin d'être adulé, soutenu, orienté et satisfait dans ses besoins quotidiens par ses parents et c'est la que réside la responsabilité que doivent prendre ses parents», conclut M.Filali.