Dix-huit troupes participent au 5e Festival national du théâtre amazigh de Batna qui se déroule jusqu'au 18 décembre 2013. Batna. De notre envoyé spécial Le chants et danses chaouis à l'ouverture, mardi soir à la grande salle du Théâtre régional de Batna, du 5e Festival national du théâtre amazigh. Une scène montée sur la placette en face de la bâtisse abritant le théâtre a été animée par des troupes locales. La flûte des Aurès garde toujours jalousement ses trésors ! En salle, la cérémonie de lancement a été animée par des poètes usant de toutes les variantes de tamazight. Manière de célébrer la pluralité de cette langue nationale. «Le festival est une occasion d'aller vers l'autre et d'enrichir les expériences créatives dans le domaine théâtral. Notre but est d'améliorer sans cesse l'action théâtre en Algérie. La pluralité des spectacles permet au public de s'y retrouver et de passer un bon moment au théâtre», a déclaré Mohamed Yahiaoui, commissaire du festival. Il a annoncé l'organisation d'ateliers de formation sur la diction et sur l'actorat en marge du festival. «Le festival a gagné en qualité grâce à une programmation variée des spectacles. Nous souhaitons que cette amélioration s'élargit aux textes dramatiques. Des textes qui doivent être écrits en tamazight au lieu d'être adaptés et traduits en cette langue. Nous avons besoin de texte qui expriment réellement la profondeur intellectuelle de l'identité et du patrimoine amazighs. Un patrimoine qui doit aller vers le monde. Cela n'est pas impossible puisque le théâtre amazigh est l'un des plus anciens au monde», a déclaré Lakhdar Derrias, représentant du ministère de la Culture. Il a évoqué la contribution des auteurs amazighs au patrimoine théâtral universel, à l'image d'Apulée de Maudaure, auteur de L'âne d'or, et Kateb Yacine. Lakhdar Derrias a souhaité d'intensifier la recherche dans d'anciens textes, notamment ceux de l'époque numide. A la faculté de lettres et des langues de l'université de Batna, un débat a été ouvert hier autour du rapport du théâtre à l'anthropologie sous la conduite de Leila Benaïcha, spécialiste en arts dramatiques. Le doyen de la faculté des Lettres, Abdesselam Dhif, a déclaré que les portes de son département sont ouverts aux gens du théâtre. Il a annoncé l'ouverture d'une section consacrée à la culture et à la langue amazighes au niveau de cette faculté. Salah Lembarkia, l'un des meilleurs connaisseurs du quatrième art, a souhaité le lancement d'un LMD arts dramatiques à l'université de Batna. Djamel Noui, chercheur en patrimoine amazigh, est revenu sur les origines du théâtre amazigh en évoquant les rituels d'Anzar (Boughendja) et la Sbiba. Rituels qui relèvent de l'avant-théâtre dans lesquels les manifestations festives sont présentes ainsi que les contes. L'existence de certains édifices de Timgad, Tipasa et Carthage sont, selon lui, la preuve de l'existence du théâtre depuis les anciens temps au Maghreb. Certains intervenants ont souligné le fait qu'il faut plus parler de «théâtre romain» que de «théâtre amazigh». Djamel Noui a souligné l'intérêt qu'avait le roi berbère Juba II pour le théâtre et les arts à son époque. Juba II avait notamment construit le théâtre de Cherchell. Mabrouk Dridi, de l'université de Sétif, a analysé les origines du théâtre soulignant qu'il est «le fils légitime du temple». Il a étayé son propos en parlant du rapport entre les pratiques rituelles et l'évolution vers la scène théâtrale. Une autre façon d'aborder le sacré et le profane tant analysés par les philosophes. Le premier spectacle du festival a été présenté mardi soir avec la pièce de Chawki Bouzid, Asadal Newawal, (Le bourreau des idées), produite par le théâtre régional de Batna. Hier soir, le théâtre régional de Tizi Ouzou a présenté Akal Didammen, (La terre et le sang), d'après l'œuvre de Mouloud Ferraoun. En hors compétition, la troupe de Berriane a joué Temaret N'maadhour.