Les Tunisiens ont alimenté avant-hier une certaine satisfaction suite à l'annonce d'un consensus autour de la personne de Mustapha Filali pour suppléer Ali Laârayedh à la tête du gouvernement. Tunis. De notre correspondant
Or, ils ont dû vite déchanter suite au désistement du nominé, se considérant, à 92 ans, inapte pour la mission. Que faire pour sortir de cette crise de gouvernance qui perdure depuis le 25 juillet dernier ? La Tunisie retient son souffle à quelques heures du deadline fixé par le quartette d'organisations parrainant le Dialogue national en Tunisie, qui a fixé aux partis politiques la date du 14 décembre à 12h pour terminer leur recherche d'un chef du gouvernement consensuel devant suppléer Ali Laârayedh. Diverses personnalités sont passées à travers le tamis sans qu'il y ait de consensus autour de l'une d'elles. Il s'agit notamment de Ahmed Mestiri, Mohamed Ennaceur, Jalloul Ayed et Chawki Tabib. L'ex-ministre de Bourguiba, Ahmed Mestiri, a été refusé par l'opposition car trop proche d'Ennahdha. Son âge avancé lui a été également reproché. «Il est certes une personnalité démocratique, mais ce n'est pas le profil indiqué d'une personnalité politique indépendante, comme le stipule la feuille de route du quartette», n'a cessé de crier l'opposition, qui lui reproche «trop de complaisance pour la troïka au pouvoir». Il serait, selon les indiscrétions, l'un des artisans de la formule de la troïka, lors de sa création en janvier 2012. «Mestiri a été proposé par le parti Ettakattol, allié d'Ennahdha au pouvoir, parce qu'il n'est pas étranger aux programmes de la troïka. Ennahdha a soutenu Mestiri parce que les islamistes sont sûrs qu'il ne réaliserait que le suivi des programmes gouvernementaux en cours», a insisté le porte-parole du parti d'opposition, Al Massar, Samir Taïeb. L'autre ministre de Bourguiba, Mohamed Ennaceur, a été rejeté par le mouvement Ennahdha parce que les islamistes le considèrent «trop proche» du parti Nidaa Tounes de Béji Caïd Essebsi. Ennaceur a été le ministre des Affaires sociales dans le gouvernement de transition de Béji. Les deux grands partis rivaux de la scène politique, Nidaa Tounes et Ennahdha, ont toutefois souligné leur respect pour les personnalités de Mestiri et Ennaceur. Mais, «chacun de ces candidats n'entre pas dans le calcul politique de l'un ou l'autre de ces partis», a souligné le politologue Néji Jalloul. D'où le rejet. Les personnalités du ministre des Finances du gouvernement de transition, Jalloul Ayed, et de l'ex-bâtonnier des avocats, Chawki Tabib, n'ont pas fait le poids, faute d'expérience politique suffisante pour un poste d'une telle envergure. Que faire ? L'inévitable deal.