La lutte contre l'impunité dans les systèmes politiques autoritaires : l'expérience algérienne» est le thème d'un séminaire organisé hier à El Biar (Alger), par les associations SOS Disparus, Djazaïrouna et Soumoud. Des militants, des défenseurs des droits humains et plusieurs membres de la société civile ont participé à la rencontre. Les organisateurs ont d'abord rendu hommage à Nelson Mandela, leader de la lutte contre l'apartheid, décédé le 5 décembre à Johannesburg. Pour les intervenants, Mandela a su mener la justice transitionnelle pour imposer une vérité et une justice. Cet exemple mérite d'être étudié pour connaître ce qui s'est passé en Algérie durant la période du terrorisme, afin de ne pas laisser l'amnésie s'imposer. Pour Adnane Bouchaïb, président de Soumoud, «il est regrettable de constater que l'impunité s'est institutionnalisée en Algérie». «Depuis la loi sur la concorde civile et la charte pour la réconciliation, en 2000 et en 2005, l'impunité est devenue si forte qu'elle a au final affaibli l'Etat et ses institutions. Ce qui s'est répercuté négativement sur les comportements de la société. Une personne peut commettre un délit, elle rappellera toujours qu'un terroriste égorgeur a été amnistié par le pouvoir.» «C'est un travail de justice qui reste à entamer», explique-t-il. De son côté, la présidente de SOS Disparus, Nacéra Dutour, estime que «la justice transitionnelle permettra de révéler les vérités, de comprendre l'histoire afin que les générations futures ne reproduisent pas les mêmes erreurs». Elle ajoute que «les familles et les victimes des disparitions forcées n'exigent pas la vengeance. Nous voulons tout simplement connaître le sort de nos enfants et de nos proches.» Pour sa part, la présidente de Djazaïrouna, Cherifa Kheddar, a relevé «le combat des femmes pour la défense de la mémoire collective et l'exigence de la vérité». Elle a souligné par ailleurs que «les séminaires permettent de sensibiliser l'ensemble de la société civile sur la lutte contre l'impunité et la compréhension des lois». Sur ce dernier point, l'ancien doyen de la faculté d'Alger, Madjid Bencheikh, a axé son intervention sur les aspects internes et externes de la lutte contre l'impunité et de son cadre général. Notons que ces trois associations composent la coalition du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA).