Des acteurs de la scène politique nationale commentent différemment la décision de la justice britannique d'extrader Abdelmoumen Khalifa. Certains estiment qu'elle coïncide avec le rendez-vous présidentiel d'avril 2014. Ils soulèvent également quelques interrogations, tout en souhaitant que, cette fois-ci, «la justice algérienne n'épargne pas les véritables commanditaires». Le président de l'Association nationale de lutte contre la corruption (ANLC), Brahim Atoui, se félicite de la décision de la justice britannique. Cependant, il s'interroge sur les futures intentions de Abdelmoumen Khalifa : «Est-il possible que Khalifa entame un dernier recours au niveau de la Cour de justice européenne ?» M. Atoui espère que «Khalifa soit réellement extradé, car il a été à l'origine des malheurs de beaucoup de citoyens algériens, dont ceux qui se sont suicidés à cause de lui». Néanmoins, le président de l'ANLC craint que «le dossier Khalifa soit exploité à des fins politiciennes». Cet avis n'est pas partagé par le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), maître Benissad : «C'est une affaire qui dépend du droit commun seulement. J'exclus toute velléité politicienne. La justice britannique est indépendante.» De son côté, le président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AALC), Djilali Hadjadj, se félicite également de la décision, «malgré la lenteur de la procédure». «Mais l'extradition n'a pas encore eu lieu», précise-t-il. M. Hadjadj estime que «dans le dossier Khalifa, des zones d'ombre subsistent» et qu'«en Algérie, il existe une justice à deux vitesses». Il ajoute que «des personnes ont été citées dans cette affaire, comme l'actuel président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, ou le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz». Le président de l'AALC reste sceptique quant à l'action de «la justice algérienne qui n'est pas indépendante». Sur ce dernier point, le président de Ahd 54, Ali Fawzi Rebaïne, pense que «c'est l'occasion qui se présente à la justice algérienne pour aller au fond des choses et ne pas être encore une fois au service des gros bonnets». Et d'ajouter : «Les scandales éclatent souvent de l'étranger. J'espère que la justice algérienne pourra avoir un sursaut d'orgueil après tant d'années obscures.» Pour Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, «nous espérons qu'avec l'extradition de Khalifa, toute la vérité éclatera sur cette affaire». «Quant à la justice algérienne, il est temps qu'elle cesse de punir les seconds couteaux et d'épargner les responsables placés au sommet du pouvoir». Pour sa part, le porte-parole du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Othmane Mazouz, souligne que «curieusement, l'affaire Khalifa rebondit à un moment où ceux qui ont profité de ses largesses occupent les postes-clés dans les institutions de l'Etat». Et de s'interroger : «Allons-nous voir des personnalités et des ministres au box des accusés ?» Pour le RCD, «dans un pays où la corruption est institutionnalisée, cette affaire ne servira que le repositionnement clanique à la veille de l'élection présidentielle».