Cet espace, naguère élégant lieu de promenade, est dans un piteux état : avaloirs obstrués, trottoirs dégradés, immeubles grisâtres, arbres séculaires non élagués, et présence en surnombre de SDF. La place de l'Indépendance dit tout le mal d'une municipalité livrée à elle-même. Elle présente tous les éléments d'une condamnation sans appel des responsables, les élus locaux à leur tête. Le kiosque à musique avec ses couleurs fades a depuis longtemps perdu sa vocation. C'est une pissotière à l'air libre et un refuge pour les malades mentaux qui y trimballent couvertures usées, nourriture et cartons. «On a déjà soulevé le problème des toilettes publiques à Souk Ahras et je crois qu'il sera résolu avec l'installation des cabines transportables qui sont déjà disponibles», a indiqué un édile de l'APC. Et là la responsabilité est entièrement partagée avec les gérants de café qui privent leurs clients des sanitaires, pourtant inclus dans les documents d'engagement avant l'ouverture du commerce. Idem pour les services chargés du recensement et de l'accueil des SDF et autres malades mentaux. Les odeurs nauséabondes, les immondices, les objets incendiés et les murs crasseux sont les preuves d'un immobilisme patent des services communaux et de leur démission s'agissant de la gestion des affaires courantes de la cité. «Qui aurait prédit un tel sort pour cette place publique qui perd, chaque jour que Dieu fait, une partie de son éclat», s'est demandé un habitant d'un immeuble mitoyen. Et un autre d'ajouter : «Nous ne savons trop s'il s'agit d'une place publique ou d'un espace commercial (...) on y voit des vendeurs permanents de chardonnerets, des étals de téléphones portables volés, des carrés où l'on propose de la fripe et des tables de commerces divers.» Les deux jets d'eau placés chacun à un mètre des deux lions qui symbolisent l'histoire de la ville, assurent le rôle de deux grands bacs à ordures. Absence des feux de signalisation, stationnement anarchique des véhicules, des motocyclistes qui s'adonnent à des tours périlleux au milieux des passants, avaloirs qui refoulent l'eau pluviale, trottoirs à carrelage flottant, façades grisâtres des immeubles, des platanes séculaires non élaguées, et présence en surnombre des mendiants et des SDF. Tel est le triste décor de cet espace municipal, naguère lieu de prédilection des promeneurs et de rencontre pour les habitants de toute la ville.