Le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Smaïl Mimoun, a reconnu que l'Algérie fait face à une pêche « illicite » dans ses eaux territoriales, que ce soit pour les différentes espèces de poisons ou du corail. Intervenant hier à l'émission « Question de l'heure » de la Chaîne III, le ministre a néanmoins relativisé le phénomène en estimant que c'est un « fléau mondial » et que « ce n'est pas quelque chose d'important ». Il a également cité le cas des pêcheurs algériens usant de la dynamite, interceptés, récemment au port de Bouharoun (Tipaza) et traduits en justice. Pour lui, les côtes algériennes sont « les plus surveillées en Méditerranée grâce à la vigilance de nos gardes-côtes ». Et pour protéger un peu plus le pays contre « ces voleurs de la mer », Smaïl Mimoun annonce la création prochaine d'une « police de la pêche ». Dans la même perspective, il a évoqué le projet de réalisation d'une étude avec un bureau allemand, qui permettra de contrôler les navires en mer et de détecter la présence de la dynamite. Toujours au chapitre de la pêche illicite, le ministre n'a pas nié non plus cette pratique sur le corail au niveau d'El Kala, bien qu'un décret exécutif ait formellement interdit sa pêche en février 2001. Le ministre n'a pas précisé en revanche l'ampleur de cette exploitation frauduleuse de cette ressource très prisée sur le marché international. S'agissant de la possibilité d'ouvrir la pêche du corail, le ministre a expliqué que cela dépendait des résultats de l'opération consistant à cartographier la ressource coralifère qui prendra fin en avril 2007. « Ce n'est pas évident, même après la fin de l'étude, on verra de toute façon », a dit le ministre. A une question sur l'exploitation du thon rouge, Smaïl Mimoun a démenti que les Japonais aient effectué de la pêche illicite de cette ressource. « Il y a eu 15 bateaux étrangers, dont 12 japonais et 3 coréens, qui ont d'ailleurs terminé il y a deux jours (31 mai) suite à un permis de pêche que nous leur avons accordé pour un mois, conformément à l'avis d'appel d'offres que nous lançons chaque année », a-t-il précisé. Cette opération a rapporté au Trésor public, d'après le ministre, la somme de 1763 millions de dollars qui représente, selon lui, l'équivalent de 20% du budget de fonctionnement de son ministère. Smaïl Mimoun affirme que l'Algérie n'est pas outillée pour exploiter elle-même le thon rouge qui nécessite des thoniers. Pour ce faire, quatre navires de ce type sont déjà acquis et d'autres sont en construction au profit d'opérateurs privés qui vont se lancer dans ce type de pêche. Le ministre reconnaît tout de même que son secteur peine à rattraper son retard accumulé au fil des ans. « Nous avons du mal à nous remettre ; un grand retard est accusé par le secteur qui fait face à un manque terrible de moyens », a-t-il affirmé. Et pour cause, même si la production nationale du poisson atteint 139 500 t, elle reste en deçà des besoins des consommateurs. Pour y remédier, le ministre dit s'appuyer sur l'aquaculture de nature à booster toute l'industrie aquacole. Ceci se fera, d'après lui, à travers l'encouragement de l'initiative privée. Smaïl Mimoun citera des projets au stade de la réalisation comme celui d'Azzefoun pour l'élevage de la dorade et du loup de mer, ceux de Aïn Témouchent et de Aïn Taya pour les huîtres en guise d'exemples « d'investissements porteurs ». Par ailleurs, il annonce l'importation, en juillet, d'alevins qui seront lâchés dans les différents barrages. En plus des 7 pôles d'aquaculture qu'il se fixe comme objectif de développer, le ministre de la Pêche accorde une importance stratégique à la modernisation de la flottille estimée à 4000 unités auxquelles s'ajouteront 1500 prochainement. Pas moins de 5000 demandes d'investissement ont été reçues par son ministère pour l'acquisition de ces bateaux de pêche pour la bagatelle de 9,5 millions de dinars et qui devront servir à l'exploitation de quelque 160 000 tonnes. Enfin, le ministre a annoncé que le nombre de pêcheurs inscrits en Algérie est de 40 000.