Des dizaines de manifestants et des éléments de l'ex-rebéllion centrafricaine du Séléka ont manifesté hier contre la présence des soldats français. Des dizaines de manifestants et des éléments de l'ex-Séléka ont, selon plusieurs médias, bloqué avec des pierres et des pneus l'avenue des Martyrs, dans le quartier de Yangato. Ils protestaient contre la présence des soldats français, les accusant d'avoir tué, le matin même dans un accrochage, trois combattants de l'ex-Séléka. Selon des habitants, le secteur était bouclé depuis le matin par les soldats français et la force africaine (Misca), qui y mènent une opération de désarmement, notamment contre un groupe de l'ex-Séléka implanté sur place, qui se revendique du pouvoir mais refuse d'être désarmé et cantonné. Les protestataires entendaient également dénoncer les opérations de désarmement en cours dans la capitale par l'armée française et la Misca, estimant qu'elles laissent les musulmans à la merci de la vindicte populaire et des milices chrétiennes d'auto-défense «anti-balaka». Des policiers congolais de la Misca ont tiré en l'air et fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants, toujours selon des témoins. Samedi soir, des détonations et des échanges de tirs ont résonné pendant près d'une heure en provenance des quartiers PK12 et PK5, dans le nord de la ville. Selon Amnesty International, près d'un millier de personnes ont été tuées depuis le 5 décembre à Bangui et en province dans des violences entre chrétiens et musulmans. La plupart ont été victimes des représailles de la Séléka, mais également des attaques des milices anti-balaka. La communauté internationale et l'Union africaine tentent, depuis lors, de désarmer les belligérants. Après un répit de quelques jours, les incidents ont repris depuis jeudi soir, éclatant de façon intermittente dans plusieurs quartiers où les tensions intercommunautaires restent vives. La situation est extrêmement volatile dans la capitale centrafricaine, avec la psychose d'incursion de milices et groupes armés, une haine confessionnelle étouffante et d'innombrables rumeurs qui courent les quartiers, où beaucoup craignent un nouvel embrasement. Avec 1600 hommes dans tout le pays, dont un millier à Bangui, l'armée française a neutralisé en priorité les combattants de l'ex-Séléka, aujourd'hui pour la plupart désarmés et cantonnés. Ces ex-rebelles venus du nord de la RCA, parmi lesquels des mercenaires tchadiens et soudanais, ont fait régner la terreur pendant des mois dans Bangui où ils ont perpétré d'innombrables exactions contre la population très majoritairement chrétienne. Privés de la protection de ces Séléka dans la rue, de nombreux musulmans sont furieux de l'action des soldats français, s'estimant laissés à la merci des atrocités des milices chrétiennes «anti-balaka». Les militaires français, qui ne cessent de réaffirmer leur «impartialité», tentent désormais de désarmer les «anti-balaka» et d'essayer de contenir la soif de vengeance des habitants contre les ex-Séléka et les civils musulmans qui leur sont assimilés. Mais la partie est loin d'être gagnée. Pour le moment, la situation va même en s'aggravant.