L'association culturelle du chant et de la poésie populaire a gagné le pari d'organiser une belle rencontre dédiée au chant bédoui. Après un long silence, les poètes et chantres de la musique bédouie ont fait leur come-back dans une région, Tiaret, considérée autrefois comme l'antre de cette musique populaire très prisée par les amoureux de la culture du terroir. Quoi de plus enthousiaste dans ces conditions que de réunir une pléiade de «chouyoukhs» et des poètes prêts à la dégaine pour peu que le micro leur soit tendu. Ce pari a été gagné haut la main par l'association culturelle du chant et de la poésie populaire que préside l'inamovible Benaïssa Benzama. Un pari gagné aussi grâce à la contribution généreuse de la direction de la culture et de la maison de la culture «Ali Maachi» et la présence d'hommes et de femmes qui continuent, malgré les aléas et les vicissitudes du temps, à perpétuer le genre bédoui ou chant populaire comme se plaît à nous le rappeler à chaque occasion le barde local, Cheikh Khaled Mihoubi. L'espace de deux jours en cet automne déclinant, les cheikhs Abdallah Tiareti et autres cheikhs venus de toute l'Oranie, à l'exemple de Mohamed ould Houari de Relizane, Mohamed ould Mahdia dit Mamachi pour ne citer qu'eux. Le ton a été donné quand le rescapé du bédoui, cheikh AbdallahTiareti fredonna des chants tirés du patrimoine de Bentaiba (medh) comme «Bikmismallahnandham», «Sabrichtaeyssabar», «Rani mehmoum», «Khadmizohra» et «Yalayemliyahtloum» qui fascinèrent l'assistance. Placée sous le signe du 29e anniversaire du décès de cheikh Mohamed Bentaiba, la rencontre, peu médiatisée en dehors de l'onde locale «Radio-Tiaret», a été suivie par un public connaisseur qui a goulument entendu des déclamations de longs poèmes et voir se produire d'autres au son de la «flute» et de la «gasba». Le clou de la manifestation aura été, sans conteste, les communications faites par le professeur Ahmed Bouziane et non moins président de la commission culture à l'APW sur l'histoire du patrimoine culturel de la région suivie par l'universitaire Ali Kebrit sur la littérature populaire et sa place dans la société. Animée par la sympathique «Aouicha», la rencontre, en sus des présents offerts aux participants, a été une occasion aux adeptes du bédoui de se rencontrer tant ils ne voudraient pas voir ce patrimoine si cher se diluer dans les autres sonorités en vogue.