Nous voilà arrivés à la dernière semaine de 2013. La régression a été le maître-mot de l'économie algérienne cette année. En effet, le pays a non seulement cumulé les mauvais classements mais il a aussi régressé sur plusieurs plans. L'année 2013 a vu la confirmation du faible impact des TIC sur l'économie, d'un faible niveau de compétitivité et d'innovation, d'une liberté économique en recul depuis 2005. En 2013, l'Algérie a fait partie également des pays les plus corrompus dans le monde avec un faible degré de pacifisme, de prospérité et de bien-être. Pour rechercher son classement, il suffit tout juste de regarder à chaque fois au bas du tableau. Nous allons dans ce qui suit revenir sur ces classements qui ont positionné le pays en 2013. Corruption : Proportions alarmantes A la fin de l'année 2013, l'ONG Transparency International, chargée de l'observation de la corruption, a publié un classement international sur la base de l'indice de perception de la corruption, passant au crible 177 pays. Ce dernier a révélé que la corruption a pris des proportions alarmantes en Algérie. En effet, parmi tous ces pays, l'Algérie occupe d'ailleurs la 94e place. Pour rappel, l'Algérie s'est classée la 105e place en 2012. Certes, en une année le classement s'est légèrement amélioré, mais le pays figure toujours parmi les plus corrompus. D'ailleurs, au niveau du Maghreb, l'Algérie est plus corrompue que ses voisins le Maroc et la Tunisie. Elle devance toutefois la Mauritanie (119e) et la Libye (172e) A l'échelle africaine, l'Algérie figure à la 24e place sur les 54 pays faisant partie du classement. La persistance de ce phénomène en Algérie serait, selon l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AALCC) (représentant local de Transparency), liée à l'absence de volonté politique de lutter contre la corruption. L'association relève aussi que notre pays n'entretient pas de relations économiques et commerciales avec les pays les moins corrompus (Danemark, Finlande, Nouvelle Zélande, Singapour, Suède, Islande, Pays-Bas, Suisse, Norvège et Australie). En effet, les importations en provenance de ces pays ne représentent même pas 1% du total. Compétitivité : 110e rang mondial L'Algérie se classe au 110e rang mondial au classement des pays les plus compétitifs diffusé par le Worl economic forum (WEF). Elle perd ainsi 23 places comparativement au classement précédent. Parmi les pays de la région MENA (Afrique du Nord-Moyen-Orient), l'Algérie se classe en appendice de la liste, suivie uniquement par la Libye et le Yémen. Sachant que ce classement est basé sur l'évaluation d'une centaine d'indicateurs regroupés en douze thématiques, telles que le cadre institutionnel, la qualité des infrastructures de base (la santé, l'éducation, l'enseignement supérieur et la formation professionnelle), l'efficacité des marchés financiers et l'innovation… L'Algérie devrait donc, selon les experts du Forum économique mondial, consentir des efforts pour améliorer la compétitivité et la productivité de son économie. Il s'agit entre autres de lutter contre la corruption et la bureaucratie dans les institutions publiques, mais aussi la refonte du cadre institutionnel et l'amélioration de l'efficacité des marchés des biens et services ainsi que les marchés financiers. Il faut savoir que le pays se classe à la 143e place sur 144 sur l'indicateur mesurant la solidité des banques.Les experts du Forum économique mondial constatent également que l'Algérie fait partie des rares pays qui ne sont pas encore membres de l'OMC, ce qui dégage l'image d'une économie peu ouverte. Toutefois, selon la même source, compte tenu de la disponibilité des ressources, l'Algérie serait bien placée pour passer rapidement à une trajectoire de croissance plus élevée. 131e place à la TIC Après avoir occupé le 118e rang du classement mondial des Technologies de l'information et de la communication (TIC) établi par le World economic forum (WEF) en 2012, cette année l'Algérie régresse à la 131e place. Le classement en question évalue l'aptitude de 144 pays à exploiter les TIC en termes de croissance, de compétitivité et de prospérité des citoyens. Pour le cas de l'Algérie, la régression témoigne du faible effet de levier des TIC, avec l'un des impacts les plus faibles mondialement sur le plan économique (143e rang pour ce critère) et social (141e). A cela s'ajoutent la mauvaise infrastructure des TIC (119e) et la faible base de compétences (101e). Ces derniers se traduisent par des niveaux très faibles d'utilisation des TIC dans le pays (140e). En outre, les analystes du WEF ont relevé plusieurs insuffisances, notamment sur le plan de l'usage individuel des TIC en Algérie (100e place), tandis qu'elle occupe la 144e pour leur usage dans le domaine des affaires. Quant à leur utilisation dans la sphère institutionnelle et gouvernementale, le pays est classé 139e. Ces analystes considèrent également que les graves déficiences dans le cadre réglementaire (141e) et les insuffisances dans l'environnement des affaires et de l'innovation (143e) entravent les capacités positives qui découlent des TIC. A l'échelle africaine et sur les 38 pays évalués, l'Algérie occupe le 27e rang. Elle se trouve ainsi parmi les 11 derniers pays africains et les 14 derniers pays au plan mondial aux côtés du Tchad, du Lesotho et de la Mauritanie. état de la liberté économique : 142e place Le benchmark réalisé par l'institut Fraser (un think tank canadien), présenté lors de la 8e conférence annuelle qui s'est tenue à Oman en novembre, révèle que la liberté économique en Algérie recule depuis 2005. En 2013, cet l'institut en question a classé le pays au 142e rang au niveau mondial (sur 152 pays), loin derrière la Tunisie (81e) et à la 18e place sur les 22 pays qui composent la région MENA (Afrique du Nord et Moyen-Orient). Et ce, derrière l'Irak et la Mauritanie qui se positionnent respectivement au 17e et 16e rangs. L'Algérie est donc loin des piliers de la liberté économique définis par le think tank canadien, à savoir la propriété privée, l'échange volontaire coordonné par des marchés, la liberté d'intégrer un marché et d'y être compétitif, la protection des personnes et de la propriété de l'agression des autres. D'ailleurs, le système légal et les droits de propriété, la taille du gouvernement, la valeur de la monnaie et le libre-échange avec les pays du reste du monde en Algérie sont pointés du doigt. Les analystes de l'institut Fraser pointent également du doigt la politique interventionniste de l'Etat et le poids des organes étatiques dans l'économie du pays. Ce constat est préoccupant pour l'Algérie en comparaison avec les autres économies dans le monde, surtout que le pays envisage d'adhérer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Innovation : régression En 2013, l'Algérie a encore reculé de 14 places dans le classement mondial de l'innovation (le Global Innovation Index). En effet, sur 142 pays au total, l'Algérie vient à la 138e position de ce classement réalisé par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI dépendant de l'ONU) en collaboration avec la Johnson Cornell University et l'Institut européen spécialisé dans la formation en business management (INSEAD). Pour évaluer le niveau d'introduction de l'innovation dans chacun des pays étudiés, le Global Innovation index s'est basé sur plusieurs critères, dont le cadre institutionnel, le capital humain et la recherche, les infrastructures, le niveau de modernisation du marché, l'environnement des affaires, la connaissance et les produits technologiques, la créativité et les produits innovants. Pour la plupart de ces critères, l'Algérie est à la traîne des nations, en comparaison à ses richesses, notamment en termes de relations avec le cadre institutionnel qui englobe l'environnement politique, législatif et économique (118e place) ; d'infrastructures (93e place) qui inclut l'accès à internet, la production d'électricité et le lancement de projets de développement durable) ; la créativité et la production technologique (140e position), un critère qui comprend l'enregistrement de nouvelles marques, l'exportation de produits et services innovants, la production audiovisuelle destinée à l'export et la créativité online. Compte tenu de ce constat, les rédacteurs du rapport recommandent aux pays ayant un mauvais classement comme l'Algérie de revoir leur stratégie en matière d'innovation qui est le moteur du développement économique. Par contre, cette recommandation ne s'adresse pas à la Tunisie qui est le leader maghrébin de l'innovation pour l'année 2013. Le Maroc, quant à lui, a reculé de 4 places, il se classe 92e rang mondial. Prospérité socio-économique : 99e dans le monde, 6e en Afrique En termes de prospérité et de bien-être au niveau mondial, l'organisme londonien Legatum Insitute spécialisé dans le consulting en affaires économiques classe l'Algérie à la 99e position sur une liste comprenant 142 pays. Et ce, en s'appuyant sur des critères aussi variés que la santé, l'entrepreneuriat, l'éducation et la lutte contre la corruption. Au niveau du Maghreb, le pays occupe la 3e place. A la tête des pays maghrébins, on retrouve le Maroc Il est considéré comme le pays qui offre la meilleure qualité de vie de toute la région du Maghreb. A l'échelle africaine, sur les 38 pays concernés par l'étude, l'Algérie occupe la 6e place du classement derrière l'Afrique du Sud, le Bostwana, le Maroc, mais aussi la Tunisie et la Namibie. Elle est suivie dans l'ordre par le Ghana, le Sénégal, le Rwanda, la Zambie et l'Egypte. Indice mondial de la paix et du développement: l'Algérie au 119e rang En 2013, la situation sécuritaire semble maîtrisée et le prix du pétrole largement surévalué ; l'Algérie a été épargnée par les turbulences et les tensions du Printemps arabe. Paradoxalement, l'indice mondial de la paix (Global Peace Index) la situe à la 119e place sur un total de 162 pays, loin derrière le Maroc et la Tunisie qui occupent respectivement le 57e et 77e rangs mondial. C'est ce qui ressort du classement des pays selon leur degré de pacifisme. Un classement établi par le magazine The Economist, en collaboration avec le Centre des études sur la paix et les conflits de l'Université de Sydney, en Australie et avec la participation d'un bon nombre d'experts issus d'instituts ou de think tanks. Par rapport à l'année dernière, l'Algérie a gagné deux places dans le classement où elle a été classée 121e sur une liste de 158 pays. Le classement a été élaboré en se basant sur une batterie d'indicateurs. On citera la criminalité, la violence, la délinquance, le degré de violence au sein de la société et les conflits armés internes ou avec d'autres Etats. Compte tenu de ses répercussions sur l'économie du pays, la position de l'Algérie dans ce classement est inquiétante. Il faut savoir qu'en 2012 les conflits armés et les autres formes de violence ont coûté à l'économie mondiale pas moins de 9000 milliards de dollars, soit 11% du PIB planétaire.