Le secteur de la jeunesse ne semble pas être une priorité dans l'action des autorités locales. Après deux kilomètres de marche, deux enfants vêtus en kimonos noirs s'introduisent dans un grand hangar qui jouxte le stade communal de Thénia, à 15 km de Boumerdès. Il est 17h et il faisait déjà nuit. Les deux gamins y sont venus suivre une séance d'entraînement de kung-fu. Ils habitent la cité Casbah, à la sortie ouest de la ville, un quartier qui ne compte aucune structure sportive. Ledit hangar, dont la toiture est en métal, n'est pourvu d'aucune commodité. Cependant, depuis la fermeture en mars 2013 de la salle omnisports mitoyenne, les différents athlètes de la localité viennent pratiquer leur sport de prédilection dans le hangar en question. À l'intérieur on trouve un petit bureau, quatre armoires rouillées, des toilettes insalubres, quatre douches sans portes ainsi que deux petites pièces en contre-plaqué qui font office de vestiaires. Même l'éclairage y fait défaut, notamment à l'extérieur. Les rares lampes qui s'allument ont été placées par les responsables du club, nous a-t-on dit sur place. Il y a dix ans, la structure était pourvue même d'un chauffe-bain, se rappelle Khettar Hocine, entraîneur de la section benjamine de kung-fu composée de 60 éléments dont 5 filles. Malgré le manque de moyens et le non changement depuis des années du tapis sur lequel ses athlètes s'entraînent, l'éducateur affirme avoir réussi à former cinq champions d'Algérie. «Pendant deux ans, les élus locaux n'ont refait que les fenêtres», déplore Mohamed Debah, président de l'Espérance sportive de Thénia (EST). «En 2012, on avait des sections de boxe, de volley-ball, de kick boxing, de basket-ball et de hand-ball, mais maintenant il ne nous reste que le hand-ball et le kung-fu», nous confie-t-il avec regret. Aujourd'hui, des milliers d'autres sportifs de la wilaya se plaignent du manque d'infrastructures où ils pourraient développer leur talent. À Si Mustapha, des dizaines d'enfants pratiquent le karaté et le kung-fu dans une bâtisse datant de plus d'un demi-siècle. Pour cause, la réalisation du projet de la nouvelle salle polyvalente, entamée en été dernier à l'est de la ville, connaît d'énormes retards. Ce qui risque de pénaliser encore pour longtemps les clubs de la localité, notamment l'équipe de basket-ball, l'une des meilleures à l'échelle nationale, qui s'entraîne toujours aux Issers. À Timezrit, la frange juvénile est livrée aussi à elle-même. Faute d'infrastructures, aucune section sportive ou club de football n'y est actifs. Le projet portant réalisation d'un foyer de jeunes au chef-lieu n'est pas encore lancé en raison d'un litige sur le terrain d'assiette devant le recevoir. Le président de l'APC précise que l'Assemblée avait cédé le centre de formation professionnelle au profit de la DJS depuis plusieurs mois en vue de le transformer en salle de sports, mais cela tarde à se concrétiser. Ce genre de carences est signalé également à Ammal, une localité où l'on ne cesse de réclamer l'évacuation des trois familles qui occupent le foyer de jeunes du centre-ville. Des habitants de la localité indiquent que les athlètes de la commune se déplacent jusqu'à Béni Amrane pour suivre des séances d'entraînement. À Afir, les éléments des sections de karaté et de la boxe chinoise évoluent dans une salle très dégradée, avec des infiltrations d'eau et suintant d'une forte humidité. La localité a bénéficié d'un centre de sport de proximité au début du mandat en cours de la collectivité, mais le chantier vient à peine de sortir du sol. Quoi qu'il en soit, malgré tous les problèmes susmentionnés, les responsables du secteur se montrent «très satisfaits» du travail accompli au niveau local, faut-il le noter. Lors de sa dernière visite dans la région, le ministre de la jeunesse et des sports a affirmé que pas moins de 95 projets relevant de son département, dont 10 piscines semi olympiques, 4 CSP, 5 auberges et 5 camps de jeunes, seront réfectionnés à travers la wilaya durant l'année en cours.