Les agriculteurs de la commune de Tazmalt sont confrontés à de multiples obstacles, administratifs notamment, qui font que leurs activités pataugent. Des difficultés en face desquelles on ne désarme pas pour autant. C'est ce qui ressort en tout cas des propos des fellahs rencontrés et qui sont unanimes à faire savoir que l'impossibilité d'établir des actes de propriété de leur terrain demeure incontestablement l'accroc principal pour la réussite de leurs activités agricoles. Baloul Mohand Saïd, fellah et membre de l'association des agriculteurs de la daïra de Tazmalt, explique on ne peut plus clairement cette situation. « Le problème, soutient-il, réside dans le cadastre effectué en 1984. Il y a eu des imperfections dans le recensement des propriétés. » Il énumère beaucoup de cas « entachés d'anomalies flagrantes », entre autres, des terres appartenant à plusieurs familles de même patronyme qui ont été recensées et enregistrées comme étant d'un seul ascendant, d'autre qui ont été consignées à l'actif de personnes décédées ou encore celles qui ont été associées à des indivisaires et retenus comme étant copropriétaires avec celui qui détient l'acte de propriété. Toutes ces « anomalies », et bien d'autres encore, ont fait qu'une partie des fellahs, si ce n'est l'écrasante majorité, se retrouve sans acte de propriété à même de leur permettre de bénéficier des aides de l'Etat. Un constat que souligne Baloul Malek, agrumiculteur : « Je ne possède pas d'acte de propriété donc je ne suis pas éligible à l'aide de l'Etat ou à un crédit de la banque qui, généralement, demande d'hypothéquer le terrain. » L'acte de propriété est aussi indispensable pour espérer bénéficier de l'aide dans le cadre du Fonds national du logement rural (Fonal) et ce n'est malheureusement pas le seul écueil, puisque pour les agriculteurs les conditions d'éligibilité sont « excessives ». C'est ce que nous explique Belmihoub Omar, délégué au bureau communal de l'agriculture : « Les fellahs trouvent excessives les conditions du Fonal, dont celles exigeant d'abord la qualité de fellah, être mal logé, construire en milieu rural, démarrer avec ses propres fonds la construction pour ensuite avoir droit à l'aide ... » Conditions dissuasives Autant de conditions, à vrai dire, dissuasives à en juger le nombre des bénéficiaires de ces aides qui, selon le même délégué, est de 120 attributaires sur les 640 demandeurs. « Pour démarrer la construction dans le cadre du Fonal, il faut avoir un fonds initial et beaucoup de fellahs n'en ont pas. Décrocher un crédit auprès d'une banque relève d'une chimère », rapporte un agriculteur. A l'incapacité financière s'ajoute la sempiternelle bureaucratie qui désespère les plus optimistes. Dans le même sillage, le Fonds national de redressement et de développement agricole (FNRDA) et son programme le PNRDA, mis en place pour servir d'appoint non négligeable pour les agriculteurs, sont non moins décriés et ses conditions jugées « trop strictes » par cet agriculteur qui a voulu réaliser des bassins et qui, selon ses dires, s'est vu refuser l'aide du PNDRA au motif que ses oliviers « ne sont pas alignés ». Ce même programme est jugé « incompréhensible » par cet autre agriculteur qui n'a pas pu bénéficier, après avoir « dépensé de l'énergie et de l'argent », de l'aide sollicitée en 2002 pour l'approfondissement de son puits. L'option, soutient-on, a été suspendue en 2003 à cause des importantes précipitations de décembre 2002 qui ont provoqué, pour rappel, des inondations et permis aussi d'augmenter le volume de la nappe phréatique. Le problème de l'irrigation se pose avec acuité dans la commune de Tazmalt. Selon le membre de l'Association des agriculteurs de la daïra de Tazmalt, les fellahs n'ont pas d'autres sources d'eau que les puits pour irriguer plus de 3000 ha de terres agricoles qui sont travailles actuellement. Notre interlocuteur pense que cela est insuffisant et même préoccupant eu égard à la « surexploitation » de la nappe phréatique. Il propose, à ce propos, l'édification de retenues collinaires par l'Etat afin de diversifier les sources d'irrigation et permettre « une sécurité hydraulique ». Les agriculteurs, en plus des difficultés cataloguées plus haut, trouvent exagérés les prix des produits phytosanitaires (insecticides, fongicides,...) de l'engrais, des appareils et matériels agricoles, le gasoil, l'électricité. A titre indicatif, l'agrumiculteur, cité plus haut, possédant une orangeraie de 3 ha environ, a besoin d'une moyenne de 50 q d'engrais qui lui reviennent à 185 000 DA. Les produits phytosanitaires lui sont facturés à 30 000 DA/an. L'émodage de ses orangers lui coûtent 1200 DA la journée et peut durer plus d'un mois, selon toujours notre interlocuteur qui souligne que le prix de l'atomiseur (pulvériseur), qui coûtait il y a 3 ans 330 000 DA, a doublé actuellement. « Il faut que l'Etat s'implique davantage, sans cela nous ne pourrons plus travailler », explique-t-il.