Le TRB a présenté au public béjaoui, samedi en fin d'après-midi, sa dernière production théâtrale, Gelloul Lefhaymi. Inspirée d'un texte d'Abdelkader Alloula, la pièce en kabyle a puisé dans une sémantique usitée mais non moins arrangée dans des tournures qui chercheront tantôt dans l'allégorie, tantôt dans le sous-entendu. Le metteur en scène, Djamel Abdelli, a construit la trame principalement sur un prologue et deux actes. Le prologue synthétisant le portrait moral et les péripéties vécues par le personnage central, Gelloul Lefhaymi, campé par un Belkacem Kaouane généreux dans la posture et le registre. Le premier acte déroule autour du personnage une personnalité telle que peinte dans une délectable envolée lyrique fredonnée par Mounia Aït Meddour. Une personnalité que charpentent l'éveil, un tantinet caractère de gai luron et un regard avec recul sur les sautes d'humeur de la société et les convulsions qui l'agitent, avec une conscience résolue à l'impartialité et à la justice sociale. Gelloul est un employé de l'hôpital qui a atterri au service de la morgue après un passage à chaque fois abrégé dans toutes les besognes et autres services, pour cause de relent bienfaiteur et justicier. Le deuxième acte sur un élément déclencheur voulu à la limite de l'irrationnel, un mort qui n'en n'est pas un, va défaire toute l'assurance de Gelloul, plongeant ses compères dans le doute d'une aliénation, mais qui, au fil du propos, va révéler une crise qui s'en prendra à l'ordre établi. Si, remarque-t-on, le décor et l'arrière-plan sont nus, c'est que Djamal Abdelli a tout mis dans le mouvement et le propos.