Maintenant la mort peut venir. J'ai revu ma ville, j'ai revu mon pays et retrouvé mes amis. » Jean-Marie Ranéa n'avait pas dit cela 48 heures plus tôt pour exprimer son enchantement à son entourage qu'il décéda d'un arrêt cardiaque. Il venait juste de participer à un match de basket entre anciens Beni Safiens de confessions musulmane et chrétienne. Y participait, malgré ses 68 ans, Souidani, l'ex-international, une gloire de la Jeunesse populaire de Beni Saf (JPBS), ainsi que Sayeh Ali (72 ans). Ranéa, lui, n'avait fait qu'une courte incursion sur le terrain non pas à cause de ses 64 ans, mais faute de son asthme. Il en est sorti joyeux, nous rapporte Bouabani Larbi, qui avait suivi la rencontre au stade Tab Tab, situé tout près de la plage de Sidi Boucif. Larbi, Béni Safien à la retraite, ainsi que 400 autres habitants qui étaient là, était venu faire honneur à la cinquantaine d'autres Béni Safiens revenus en Algérie pour dix jours en pèlerinage à leur ville. Ces hôtes et Ranéa attendaient le repas du soir offert par leurs amis de Beni Saf, un repas programmé à 48 heures avant leur retour en France. Ils salivaient à l'idée de déguster le cardéro, une spécialité culinaire dont ont secret les marins de Béni Saf, une spécialité à base de poissons et de riz qu'il ne faut pas confondre avec la paella. Mais en prenant sa douche après le match, un malaise cardiaque saisit Jean-Marie. Vite pris en charge, il décède sur le trajet de l'hôpital tout près. Sa veuve, une menue femme toute éplorée, a encore du mal à concilier les dix jours de chaleur humaine et de pur bonheur qu'elle a vécus et le malheur qui est venu cruellement y mettre sa touche finale. Aujourd'hui, le groupe doit reprendre l'avion. La dépouille mortelle de feu Jean-Marie Ranéa sera rapatriée par avion spécial. Paix à son âme.