La tutelle est interpellée par les syndicats sur les questions de la réhabilitation de l'ensemble des corps en fonction, leurs missions et l'abrogation de l'article 87 bis pour revoir à la hausse les salaires bas, notamment ceux des personnels des corps communs. Le ministère de l'Education nationale se dit «surpris» par la position des syndicats autonomes du secteur qui ont maintenu leur mot d'ordre de grève à partir d'aujourd'hui. «Le ministère de l'Education a toujours été à l'écoute. Toutes les revendications relevant de ses prérogatives ont été satisfaites. Celles qui font l'objet de réclamations ne sont pas du ressort de la tutelle. La balle n'est plus dans le camps du ministère de l'Education nationale», précise le département de Baba Ahmed. Fayçal Haffaf, chargé de communication dudit ministère, a rappelé hier que les deux syndicats qui ont appelé à la grève ont bel et bien été reçus par le ministre de l'Education les 21 et 22 janvier. Rien ne présageait que l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef) et le Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest) allaient maintenir leur préavis de grève. Les revendications exprimées par les syndicats protestataires constituent les points «négligés» par les auteurs du statut régissant le secteur, en vigueur depuis quelques années. Il s'agit, notamment, de la promotion systématique au niveau des trois paliers, la réhabilitation de l'ensemble des travailleurs qualifiés (postes en voie de disparition), à l'instar des adjoints de l'éducation, laborantins et conseillers d'orientation scolaire. La tutelle est également interpellée sur la réhabilitation de l'ensemble des corps en fonction, de leurs missions et sur l'abrogation de l'article 87 bis «pour pouvoir revoir à la hausse les salaires bas», notamment ceux des employés des corps communs. Au ministère de l'Education nationale, on estime que la réponse à ces demandes «est ailleurs». «Tous les points relevant des prérogatives de la tutelle ont été satisfaits. M. Baba Ahmed a sollicité les autres ministères et la direction de la Fonction publique en vue de l'ouverture des dossiers relatifs à la révision des primes et l'ouverture de postes pour répondre aux réclamations concernant les promotions. Les partenaires sociaux ont été informés par le ministère de toutes les démarches auprès du ministère des Finances et de la direction de la Fonction publique», précise M. Haffaf. Si le département de Baba Ahmed n'a exprimé aucune dissuasion ni autre commentaire pour critiquer la démarche des syndicats qui menacent de paralyser les établissements des trois paliers, les parents d'élèves ne sont pas de cet avis. Khaled Ahmed, président de l'Association nationale des parents d'élèves, joint hier par téléphone, a exprimé «l'indignation des parents d'élèves à ce recours systématique au débrayage», ajoutant que les enseignants «exagèrent», surtout que les élèves enregistrent un retard dans le programme, «dû essentiellement aux trois semaines de la grève tenue en début d'année scolaire». Selon Khaled Ahmed, «tout le monde soutient les revendications des enseignants qui ont parfaitement le droit d'exiger l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles. Mais le moment est mal choisi pour exprimer les réclamations relatives à la révision du statut régissant le secteur». Et de préciser que «le texte est élaboré en association avec les partenaires sociaux». «Organiser une grève pour réclamer une révision des textes à la veille d'une élection présidentielle ne sert pas à grand-chose, sachant que quel que soit le résultat des élections, une autre équipe gouvernementale sera installée, et le travail sera recommencé à zéro. Les syndicats devraient donc attendre qu'un nouveau gouvernement soit installé», soutient Khaled Ahmed, qui appelle les enseignants à faire preuve «de conscience et de patriotisme» pour ne pas pénaliser les élèves qui sont déjà perturbés par d'autres soucis d'ordre pédagogique. «Les enseignants exagèrent dans leur recours systématique à la grève. Il ne faut pas perdre de vue que des augmentations salariales importantes ont été versées récemment. Il ne faut pas prendre en otages les élèves», soutient-il en précisant que ces débrayages ne sont motivés que par des revendications matérielles. «Des syndicats ont-ils fait un forcing pour l'allègement du programme ou pour les cantines scolaires, ou pour toute autre réclamation d'ordre pédagogique ?», s'interroge le président de l'Association des parents d'élèves. A souligner que l'Unpef entame aujourd'hui une grève d'une semaine renouvelable, alors que le Snapest a programmé deux journées de débrayage. Le Conseil national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Cnapest), lui, attend la validation par son conseil national de la proposition d'une grève cyclique, à confirmer d'ici la fin de la semaine.