Le marché du pétrole reste marqué par une volatilité devenue structurelle et par le même type d'événements qui font reculer les prix ou les portent vers de nouveaux seuils. Ces dernières semaines, le niveau des prix semble avoir choisi la barre des 70 dollars comme principal repère.Le différend entre l'Iran et les pays occidentaux sur le nucléaire, le secteur du raffinage et la situation sécuritaire dans le delta du Niger, principale zone de production de pétrole au Nigeria, continuent de peser sur les prix dans un sens comme dans un autre. Vendredi 2 juin, une prise d'otages sur une plateforme pétrolière offshore avait encore poussé les prix vers le haut de un dollar le baril. Le light sweet crude s'était rapproché des 72 dollars le baril, tandis que le brent à Londres repassait au-dessus de la barre des 70 dollars. La plateforme pétrolière qui appartient à une compagnie norvégienne (Fred Olsen Energy) aurait été attaquée vendredi à l'aube par plus d'une vingtaine d'hommes armés conduits par des embarcations. Huit travailleurs expatriés ont été enlevés. Depuis le début de cette année, les attaques sur les sites pétroliers de la région du delta au Niger se sont développées et ont amputé la production de pétrole de près de 20 %. Une autre prise d'otages a eu lieu cinq jours après dans le delta du Niger. Cinq employés coréens ont été enlevés mercredi dernier dans une installation de gaz appartenant à la compagnie Shell. Les Coréens étaient employés par les firmes Daewoo et Kogas qui sous-traitent pour Shell. Les combats qui ont accompagné cette prise d'otages ont fait plusieurs morts aussi bien du côté des assaillants que du côté des forces de sécurité. Shell a annoncé une perte quotidienne de 2 millions de m3 de gaz par jour. Le Mouvement d'émancipation du delta du Niger, qui a revendiqué l'attaque, a annoncé aussi qu'il allait lancer de nouvelles attaques et a demandé à toutes les compagnies pétrolières étrangères de quitter le delta du Niger. A la fin du mois de mai, il a suffi que les Etats-Unis fassent savoir qu'ils étaient prêts à discuter directement avec le gouvernement iranien s'il abandonnait son programme d'enrichissement de l'uranium pour que les prix reculent d'environ un dollar. L'annonce avait laissé espérer une issue pacifique et diplomatique à ce qui est vu comme un conflit sérieux pouvant déboucher sur une nouvelle guerre qui pourrait affecter les approvisionnements en pétrole en provenance de la région du Golfe avec comme première conséquence une pénurie chronique de pétrole. Mais deux jours après, le scepticisme s'était installé après que l'Iran eut annoncé son refus d'arrêter son programme nucléaire. Du coup, les prix sont repassés au-dessus des 70 dollars le baril à New York. Ambiguïtés Pour la semaine du début du mois de juin, le scénario s'est répété avec la mission effectuée en Iran par le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Javier Solana, qui a remis des propositions des grandes puissances (les cinq pays membres du Conseil de sécurité plus l'Allemagne) à l'Iran pour résoudre le différend par un accord. Les prix ont reculé mardi après les déclarations du négociateur iranien Ali Larijani qui a estimé que l'offre remise par Solana au nom des grandes puissances contenait des aspects positifs. « Il y a des pas positifs mais aussi des ambiguïtés qui doivent être clarifiées », avait indiqué le secrétaire du Conseil suprême iranien de la sécurité nationale. Même le président des Etats- Unis, George Walker Bush, a réagi positivement en déclarant : « Je crois que c'est positif. » Mais cet effet a été de courte durée. Un rapport de l'AIEA publié jeudi dernier a fait état de l'accélération des activités d'enrichissement de l'uranium, le jour même où le chef de la diplomatie européenne remettait une offre aux dirigeants iraniens. Vendredi, des responsables iraniens confirmaient la poursuite des activités d'enrichissement. Il n'en fallait pas plus pour que les prix reprennent leur niveau d'au-dessus les 70 dollars le baril après un recul dû à plusieurs facteurs telles la mission Solana à Téhéran, l'augmentation des stocks des produits pétroliers aux Etats-Unis ou l'annonce de la mort de Zarqaoui en Irak. La mort du chef d'Al Qaîda en Irak a un lien direct avec la stabilité dans la production de pétrole irakien, selon le marché. Les chiffres publiés mercredi par le département de l'Energie américain ont indiqué une hausse des stocks de pétrole brut de 1,1 million de barils, alors que les stocks d'essence ont connu une augmentation de 1 million de barils et ce au moment où les analystes avaient prédit une baisse. Ces chiffres ont contribué à faire reculer les cours. Ainsi, après un recul sous la barre des 70 dollars le baril à l'ouverture du marché jeudi avec le brent à moins de 68 dollars le baril à Londres, les prix du pétrole ont repris vendredi au-dessus du seuil des 70 dollars. Vendredi vers 16h GMT, le light sweet crude était coté à 71,55 dollars le baril à New York et le brent était à 70,34 dollars le baril à Londres.