A trois mois des élections sud-africaines, l'image de l'ANC, au pouvoir depuis 20 ans, est ternie par le scandale de la résidence privée du président Jacob Zuma, luxueusement agrandie aux frais du contribuable, tandis que les voisins n'ont ni eau ni électricité. Isolé au cœur du pays zoulou, le village de Nkandla serait resté anonyme s'il n'avait pas vu naître M. Zuma en 1942. Il fait la une de l'actualité depuis plusieurs mois en Afrique du Sud, l'Etat ayant dépensé plus de 200 millions de rands (13 millions d'euros) pour «améliorer la sécurité» du domaine privé du chef de l'Etat. Or, le Président aurait profité de ces travaux pour faire installer air conditionné, pavement, clinique privée, centre d'accueil de visiteurs, amphithéâtre... et aussi une fort belle piscine, officiellement destinée à servir de réserve d'eau en cas d'incendie. «On nous dit toujours que le gouvernement n'a pas d'argent et voilà ce qui arrive», soupire Bonginkosi Khuzwayo, un chômeur du village. A proximité de «la grosse maison de Zuma» comme l'appellent les habitants – certains ont été expulsés pour permettre l'agrandissement du domaine –, une bonne partie du village vit toujours sans eau courante ni électricité. Le médiateur, chargé en Afrique du Sud de veiller à la bonne utilisation des fonds publics, a enquêté sur Nkandla, mais le gouvernement a tout fait pour l'empêcher de publier son rapport, officiellement pour des raisons de sécurité. Selon des extraits dévoilés dans la presse, Jacob Zuma va être prié de rembourser une partie des frais engagés.